13 févr. 2011

Totenbraut : La Femme du Vampire

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Roman de Nina Blazon.
Publié en 2010, Editions du Seuil.
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Au XVIIIème siècle, en Serbie, la jeune Jasna est vendue par son père à Jovan, un riche propriétaire, qui cherche une épouse pour son fils Danilo. Elle quitte alors ses soeurs et la maison paternelle pour s'installer dans les trois mystérieuses tours de la famille Vukovic. Très vite, Jasna réalise que son mari cache un sombre secret. Une fois le mariage célébré, il ne l'approchera plus jamais. Des faits effrayants se produisent : morts suspectes de villageois, moutons égorgés, chevaux blessés... Danilo serait-il un vampire? c'est avec Dusan, un bucheron fantasque - le seul à lui avoir tendu la main - que Jasna va découvrir toute la vérité.
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C'est sans doute dans le souci de surfer sur la triste deferlante Twilight, que l'éditeur a choisi de présenter le roman comme une nouvelle histoire à l'eau de rose, avec cette couverture qui ne semble avoir aucun lien avec le contenu. S'arrêter à cette simple couverture reviendrait à voir le roman pour ce qu'il n'est pas, un erzats profiteur, un Vampire Diaries serbe ou que sais-je.
Mais ce que Nina Blazon propose ici, c'est un retour aux sources, une plongée dans une période, dans un pays, où le vampire est une crainte bien réelle, et où la religion orthodoxe multiplie les rituels contre ce mal diabolique.
Suivant les aventures de l'infortunée Jasna, contrainte à 15 ans (rien d'extraordinaire pour l'époque) d'épouser un homme à peine plus agée qu'elle, qu'elle ne connait pas et qu'elle ne parviendra pas à aimer, Totenbraut, propose via une narration à la première personne, une enquête pleine de mystères et de rebondissements, lesquels s'ils ne sont pas tous vraissemblables et parfois décevants, gardent jusqu'au bout une certaine originalité, ce qui permet à ce petit roman de ne pas se laisser oublier trop vite.
Il est plus question ici de superstitions diverses que de vampires en particulier, et tout l'intérêt du livre réside dans la description du comportement des villageois vis à vis des Vikovic - famille maudite qui évoque par bien des aspects les Wurdalaks de Tolstoy - ainsi que dans les nombreuses informations dont l'auteur parsème son roman à propos de la guerre contre les Turcs.
Sans être remarquable au niveau stylistique, Totenbraut se lit très facilement et propose de faire (re)découvrir le mythe du vampire sous un angle plus primitif. Point de dandy élégants, ni de longues canines, point de cape et encore moins de métamorphoses nocturnes, pourtant les vampires de Nina Blazon sont bien plus complexes qu'il n'y parait.

2 commentaires:

Clelie a dit…

Hello Gabriel !

Voilà un article fort intéressant sur un livre qui m'a fait de l'oeil sur l'étagère du libraire...
Comme tu le soulignes justement, j'avais peur, qu'avec cette couverture, on ne tombe sur un roman jeunesse au style approximatif... J'ai tenté à plusieurs reprises et j'en suis toujours revenue déçue, avec la vague impression d'avoir perdue mon temps. ^_^
Là, ton avis est très intéressant et je pense que je vais me laisser tenter !
Merci pour cette découverte et à bientôt !

Clelie.

Gabriel a dit…

Coucou Clélie !

Je pense effectivement que tu peux te laisser tenter sans crainte par ce petit roman. Le style n'a rien d'extraordinaire, mais on se trouve au moins devant quelque chose de vraiment original. J'ai beaucoup apprécié cette lecture-détente.