1 sept. 2009

Frankenstein Unbound



Réalisé par Roger Corman en 1990.
Avec John Hurt, Raul Julia, Bridget Fonda...
D'après le roman de Mary Shelley et librement inspiré du roman de Brian Aldiss.

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Le Dr Joe Buchanan pense avoir trouvé le moyen de créer une arme qui contrairement à la bombe atomique ne pourrait jamais mette le monde en péril. Mais sa découverte entraine un boulversement spatio-temporel qui va le conduire au début du 19ème siècle à Genève. Là il fait la connaissance de la jeune Mary Godwin et des poètes Shelley et Byron, mais assiste aussi aux faits qui ont inspiré le roman Frankenstein : il se retrouve en effet face au baron lui même et à sa créature...
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Le mythe de Frankenstein s'est trouvé surexploité dans les années 70, divers téléfilms adaptent en effet plus ou moins fidèlement le roman de Mary Shelley, comme celui de Dan Curtis, Terror of Frankenstein avec Leon Vitali, Frankenstein; The True Story de Jack Smight (dont j'ai parlé précédemment) et le cinéma d'exploitation s'en donne à coeur joie avec des variantes jouissives tel le Chair pour Frankenstein de Paul Morrissey, ou le succulent Lady Frankenstein de Mel Welles, sans oublier l'irrésistible Frankenstein Junior de Mel Brooks...tant d'avatars qu'on en vient à perdre l'essence de l'oeuvre et à oublier sa genèse et sa raison d'être. Si de 85 à 88 sortirons sur les écrans divers films narrant la genèse du roman, avec la fameuse nuit des Shelley à la villa Deodatti : Gothic de ken Russell, Rowing with the wind, avec Hugh Grant ou le très rare Haunted Summer, auxquels on peut ajouter par curiosité The Bride, avec Sting et Jennifer Beals, difficile de mettre en relation cette nuit de débauche hallucinatoire avec le Prométhée Moderne de Mary Shelley.
C'est en 1888 que Corman se voit confié un budget conséquent par la Twentieth Century Fox pour enfin faire ce lien. Voila près de 17 ans que Corman n'a oeuvré qu'en tant que producteur, et si on se souvient de la prolifique décénie 1960 (qui vit entre autre naitre le cycle Poe), Roger Corman, versatile et dillétante professionnel n'entre plus dans les bonnes grâces dans grands studios ni dans celles du spectateur. Le projet de Frankenstein Unbound aboutie finalement en 1990 à un film d'une durée totale d'une heure et vingt minutes certes nanti d'un casting de choix, d'une belle photographie et d'un scénario intéressant mais qui recevra un accueil mitigé duquel le temps n'a pas encore eu raison : Frankenstein Unbound reste un film hautement sous estimé.
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De la même manière que le Phantom of The Opera de Dwight H. Little (1989), Frankenstein Unbound revient aux fondements de l'oeuvre via un twist de même nature : Le Dr Buchanan, version moderne de Frankenstein va apprendre à ses dépend que l'histoire se répète et ce de façon irréversible. Corman réussit à rendre son histoire tout à fait crédible, ou du moins parvient à la rendre moins invraissemblable qu'il n'y parait : En effet, Buchanan en plus de se retrouver à cheval sur deux époques, va devoir jongler avec deux univers, d'un côté celui de Mary Shelley et de l'autre, celui du Baron Frankenstein, qui n'est pas encore devenu le personnage littéraire que l'on connait aujourd'hui. Le tout aurait pu devenir très compliqué, mais au final le scénario s'avère béton et jamais le spectateur ne se retrouve le cul entre quatre chaise comme le pauvre Buchanan mais suit agréablement l'intrigue.
Sur sa forme, le film ne pèche aucunement, les effets spéciaux certes un peu dépassés servent très bien le film ainsi que le superbe maquillage de Nick Dudman (qui oeuvrera plus tard sur la saga Harry Potter), on pourra aussi saluer les magnifiques costumes de Franca Zucchelli. La prestation des acteurs ne souffre aucune critique, le trio de tête John Hurt (Buchanan), Raul Julia (Frankenstein, que l'on retrouvera dans le rôle de Gomez dans The Addams Family) et Bridget Fonda (Mary Shelley) est fantastique. Nick Brimble dans le rôle du monstre offre lui aussi une belle composition, ainsi que Jason Patrick dans le court rôle de Lord Byron.
Mais vous l'aurez compris, ce qui est pour moi le point fort de Frankenstein Unbound, c'est son scénario, qui capte à merveille le message du roman de Mary Shelley dans un final apocalyptique où Buchanan se rend compte qu'il n'est lui-même plus qu'une sorte de Frankenstein et que le progrès pour le progrès engendrera toujours les mêmes effets.
Certes on pourra toujours préférer un adaptation fidèle et plus "grand publique" comme la splendide version de Kenneth Brannagh, dont je ne nie nullement les qualités, mais il serait dommage de passer à côté de la si belle reflexion que nous offre Frankenstein Unbound qui du reste et sur tous les plans n'a que peu à envier aux films de Brannagh et consort.

2 commentaires:

Xian Moriarty a dit…

Salut,

Je ne connaissais pas ce film et je suis ravie de la découvrir. J'aime beaucoup les films sur Frankenstein. J'en ai d'ailleurs vu pas mal. De plus, j'aime les films de ce genre et de cette époque. Et quand on sait que c'est signé Roger Corman....Cela donne encore plus envie de le voir !

Je suis ton site régulièrement, et je dois dire qu'il est génial ! J'espère que tu continueras à faire d'aussi bonnes critiques !

Amicalement, Xian Moriarty.

Gabriel a dit…

Merci beaucoup pour ce commentaire Xian Moriarty :).

Les adaptations de Frankenstein sont légions, c'est vrai, et je m'attache à faire découvrir celles que j'estime les plus méconnues, car elles le sont souvent à tort, comme celle ci.

Merci encore, je repasserai sur ton site aussi régulièrement, j'ai pu voir qu'il était excellent aussi ;).

A très bientôt

Gabriel