12 avr. 2010

When Dinosaurs Ruled The Screen ; le génie de Willis O'Brien et Ray Harryhausen

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Depuis les balbutiement du cinéma, les dinosaures fascinent les artisan du 7ème art, ce qui a donné lieu à un certain nombres de grand classiques, depuis The Lost World (Harry Hoyt, 1925) jusqu'au spectaculaire Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993). Le pionnier de cette petite histoire du cinéma, c'est Willis O'Brien !
Ayant servit de guide à des paléontologues ou ayant sculpté pour eux des figurines en argile, Willis O'Brien s'intéresse très jeune à l'animation et le lien est vite fait ! Son premier film The Dinosaur and the Missing Link (1917) lui permet d'être engagé par la compagnie Edison pour d'autres court-métrages du même acabit. Il réalise aussi le surprenant Ghost of Slumber Mountain (1918) qui en guise de final nous montre la lutte d'un cératopsien contre un prédateur géant. Mais l'oeuvre qui marquera le début d'une grande carrière est bien entendu The Lost World (1925) inspiré du roman de Sir Arthur Conan Doyle ! Enorme succès public et critique, Le Monde Perdu est surtout une superbe prouesse technique permettant la présentation de quelques espèces de dinosaures dans un milieu "naturel".



Une famille de tricératops
La fameuse bataille fantasmée entre un mégalosaurus et un brontosaurus scientifiquement douteux.




La récession économique qui touche les Etats Unis empêche, malgré le succès de The Lost World, la réalisations de plusieurs projets tout aussi conséquents, comme Création (1931) qui restera inachevé et dont ne subsistes que quelques minutes. Le film ne présente pas un scénario très poussé, néanmoins, l'étrange beauté des images et des situations (une mère tricératops défendant son petit) et la qualité de la stop-motion s'avèreront une grande source d'inspiration pour King Kong (1933) qui reste l'un des plus gros succès de la RKO !
Le combat mémorable de Kong contre le Tyrannosaure de Skull Island qui évoque étrangement un match de catch.
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Travaillant sur Mighty Joe Young (1949) pour lequel il se verra attribuer l'oscar mérité des meilleurs effets visuels, il bénéficie de la collaboration de son protégé et successeur, Ray Harryhausen dont on connait l'immense carrière (depuis Mighty Joe Young jusqu'au Choc des Titans de 1980). Cette collaboration sonne presque comme une consécration pour le jeune Ray Harryhausen qui depuis sa première vision de King Kong, se passionne pour la reconstitution et l'animation d'animaux préhistoriques ou fantastiques. En guise de premier essai, Harryhausen réalise Evolution en 1938 (dont le titre est évidemment une extension de Création), un pseudo documentaire, sans aucune explications montrant la promenade d'un sauropode dans la jungle, puis l'attaque d'un cératopsien par un carnivore efficace, des scènes simples que l'ont retrouvera, toujours plus convaincantes au fil de la filmographie de l'artiste.


Parmi les belles réussites sauriennes d'Harryhausen, compte évidemment la dangereuse ménagerie de One Million Years B.C (1966, Don Chaffey). La Hammer se lance dans l'aventure préhistorique et engage pour cela le plus grand nom du genre. Si Raquel Welch en bikini léopard n'est pas des plus convaincante en bimbo des cavernes très 60's, il en va autrement pour les différentes créatures que Harryhausen confectionne et anime, fidèle à ses premières amours. Ainsi, on s'écartera pour laisser passer un imposant Brontosaure, guest star qui le temps d'un caméo nous rappelle le brouillon, Evolution, et sa beauté balbutiante.


Lutte pour la survie : L'homme et l'Allosaurus ou 150 millions d'années d'écarts effacés par la magie du cinéma.


Le film racontant une lutte de classe improbable à une époque indéterminable dans laquelle se rencontrent Dinosaures, êtres humains et insectes géants, est prétexte à une série de séquences ou la stop-motion est au service de duels à mort, comme le long et spectaculaire combat qui oppose un tricératops et un cératosaure dans un festival d'inexactitudes scientifiques qui se trouvent excusées par le bordel régnant dans cette réalité parallèle dépeinte par cette production fort sympathique.



Les ptérodactyles de One Million Years B.C se disputant Raquel Welch et le ptéranodon coloré de La Vallée de Gwangi .


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Le film qui pour moi reste l'un des plus représentatif de la phase dinosaurienne du travail de Ray Harryhausen est La Vallée de Gwangi (1969), version élaborée de Beast of hollow Mountain (1956, un projet que chérissait Willis O'Brien malheureusement décédé en 1962). Croisement audacieux entre un western et Le Monde perdu, La Vallée de Gwangi met en scène une troupe de cirque en quête de nouvelles attraction dans une vallée mexicaine que tout le monde dit maudite. Le film donne lieux à de superbes scènes et à de belles trouvailles : Harryhausen crée pour le film une jolie reconstitution de l'Eohippus (cheval de l'aube) un équidé primitif de 50 centimètres très mignon par lequel toute l'aventure commence. Mais la star du film est bien entendu Gwangi, un féroce Allosaurus bleuté dont les apparitions sont inévitablement ponctuées de hurlements.

Gwangi contemplant différentes proies, avant d'être capturé par la troupe et exhibé dans un cirque, la filiation avec Le Monde perdu ou King Kong étant évidente, l'animal brisera ses chaines pour semer la terreur dans la ville avant de connaitre une bien triste fin.
Plus de tricératops ici, mais un styracosaure coriace



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The Valley of Gwangi marque une évolution formidable pour les dinosaures au cinéma et se permet même l'introduction d'un nouvelle star du grand écran : L'Ornithomimus. C'est en effet la première apparition dans l'histoire du cinéma de ces dinosaures autruche, 24 ans avant Jurassic Park et les splendides citation que fait Spielberg à l'ensemble de l'oeuvre de Willis O'brien et Ray Harryhausen : On pense évidemment à cette magnifique attaque des Gallimimus (cousins de l'ornithomimus) par le Tyrannosaurus Rex qui reprend à l'identique la scène de première rencontre avec Gwangi ou les déambulation anxieuses de la mère Tyrannosaure dans San Diego (Le Monde Perdu, 1997) qui trouveront une fin plus heureuses que celle de son modèle de 1969.


24 ans avant Jurassic Park, un ornithomimidé courait déjà vers la gloire.

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