12 oct. 2008

Il Fantasma dell'opera


Réalisé par Dario Argento.

Avec Asia Argento, Julian Sands, Andrea Di Stefano, Nadia Rinaldi et Coralina Cataldi Tassoni.

Musique composée par Ennio Morricone.

D'après le roman de Gaston Leroux.

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1877, Opéra Garnier, un mystérieux fantôme hante les sous-sols de l'opéra et tue tous ceuw qui s'y aventurent. Un soir, il entend chanter la jeune Christine Daae, et s'éprend passionnément de la jeune femme, s'en suit, on le sait, l'histoire tragique que tout le monde connait.

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Argento est, plus que jamais dans un les années 90 un cinéaste décrié, après deux décénies d'oeuvres magistrales et personnelles (Profondo Rosso, Suspiria, Infernio, Phénoména...), Argento ne sait plus vraiment dans quel sens tourner la page ; faut-il revenir à un cinéma onirique, proche de Suspiria ? Ou se couler dans le moule d'un cinéma plus populaire ? Le premièr essai marquant le début de cette décénie 90 sera le peu concluant TRAUMA (avec Asia Argento), demi ratage au accent de slasher américain, qu'on oublira vite. En 1996 Argento nous reviens en force avec son superbe Syndrome de Stendhal, nouveau chef-d'oeuvre qui laisse espérer le retour du maître...Mais hélas, lorsque Argento entreprend de réaliser une adaptation du Fantôme de l'Opéra, peu sont prêt à le suivre. En 1987, Argento a déjà réalisé un hommage officieux au fantôme de l'opéra avec son OPERA, oeuvre baroque qui n'a malheureusement pas fait l'unanimité, d'où la réticence des gens du métier.
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En 1998, sort sur les écrans donc cette version très personnelle du Fantôme de l'Opéra de Leroux et force est de contater que comme tous les films d'argento, celui là ne laisse personne indifférent. Contre toute attente, Argento n'adapte pas l'histoire à la sauce giallo, il choisit de garder l'essence de l'oeuvre de Leroux, mais lui donne un côté sombre encore plus appuyé, ses personnages comme toujours trainent dans leur sillage des travers inavouable si bien que les lieux, si connus de l'intrigues, en finissant par ressembler à leur occupant, nous parraissent totalement étrangers.

Ces décors ont comme toujours chez Argento fait l'objet d'un soin particulier et on remarquera, pour peu que l'on soit attentif une tonne de référence à la peinture, de Jerôme Bosh à Degas (que l'on croisera d'ailleurs au détour d'une répétition de ballet, en train de croquer les petites ballerines). Un seul reproche peut être fait à argento sur le plan des décors : Avoir voulu nous faire avaler que la grande salle était celle de l'opéra Garnier alros qu'il s'agit manifestement de celle de l'opéra de Budapest...



Quand je parlais des travers innavouables des personnages d'Argento, je ne faisait pas forcément référence à ceux du fantôme (même s'ils sont légions c'est terrible) ou à ceux de Christine (dont le seul travers et de ne pas savoir ce qu'elle veut) ni même à ceux de Raoul (qui est diablement transparent), mais bien de ceux de TOUS les autres personnages. Argento et son scénariste Gerard Brach (qui fut un temps le scénariste atitré de Roman Polanski) nous ont concocté une galerie de second rôles épouvantables et pourtant délicieusement rendus à l'écran par la caméra du maestro : La jeune bonne de Christine, jouée par l'excellente Carolina Cataldi Tassoni, qui fûme comme un pompier et jure comme un marin, La Carlotta, merveilleuse (façon de parler) Nadia Rinaldi en diva obèse et insupportable, à la fois la pire et la meilleure de toute l'histoire du fantôme de l'opéra, Deux producteurs pédophiles qui regardent les jeunes ballerines comme un chat regarde des filets de saumon, Une costumière et un machiniste qui passent leur temps à s'envoyer en l'air, et un chasseur de rat totalement décalé, positivement répugnant qui provoque le rire qui détend l'atmosphère...ou le haut le coeur qui allège l'estomac (humpf désolé c'était trop facile).

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L'évolution de cette galerie de personnage ne passe donc pas innaperçue et éclypse un peu l'histoire d'amour entre Christine, interprétée merveilleusement par la magnifique Asia Argento qui comme toujours se donne corps et âme, et le Fantôme, joué par un Julian sands qui m'évoque immanquablement une part de quiche affublée d'une cape... Cette histoire d'amour parlons en ! Ce qui choque dans la vision que se fait Argento de cette passion, ce n'est pas tant le nombre élevé de meutres sanglant et complaisament filmés, mais plutôt l'intrusion, du sexe mal venu, éternel banni de cette histoire sublime. En effet, si parler des travers du Fantôme selon Argento serait bien trop long, on peu néanmoins en lister deux : la zoophilie, et l'obsession de l'acte charnel...non pas que Julian Sands saute sur tout ce qui bouge, mais lorsqu'il emmène Christine dans son repère ça n'est pas pour lui faire chanter son Dom Juan Triomphant (musique totalement absente du métrage, dommage)...graveleux détour que prend là Argento qui nous avait habitué à des situations hautement plus rafinés et hautement plus majestueuse (rappelons qu'en 77 il fut taxé de pornographie pour Suspiria qui ne comportait aucune scène de sexe ni aucune allusion au sexe !).




Il Fantasma dell'Opera accumule les maladresses de ce genre, la pire de toute, considérée par certains comme une trahison, est la suivante : le fantôme n'est pas défiguré le moins de monde, et ne porte aucun masque (Argento aurait-il jugé que Julian Sands était assez moche pour jouer sans maquillage ?)...mais alors pourquoi se cache-t-il ?? Bah parce qu'il a été élevé par des rats pardis !!! (J'entend déjà Clélie hurler au scandale ^_^) Aaah ça explique donc les penchants zoophiles...à ce niveau là on se demande si le scénario n'a pas été écrit sous l'effet de l'alcool.

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Il est impardonnable de ma part de n'avoir pas rendu justice plus tôt à la superbe partition d'Ennio Morricone, qui arrive à rendre ce film très beau, même dans ses pires moments, avec ses long soupirs langoureux, ses cordes qui pleurent (le cinéaste fini ?) sur un final si pognant qu'on en vient à oublier les défaut les plus marquants de ce Fantôme de l'Opéra, qu'on se surprend à revoir une seconde, puis une troisième fois, pour en découvrir à chaque fois une qualité nouvelle...c'est ça aussi le cinéma d'Argento, comme c'est un peu ça aussi le Fantôme de l'Opéra

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Derrière tous ses défaut plus ou moins gros, reste qu'on décèle encore chez Argento cette volonté de s'approprier son thème, tant au niveau esthétique que psychologique. le film fut qualifier d'impersonnel lors de sa sortie, mais au contraire il constitue une pièce essentielle du cinéma d'Argento, puisqu'il apparait comme une oeuvre très personnelle qui fait écho à nombre de films de la filmographie du réalisateur (notamment Opera, Inferno et le récent la Terza Madre). Bref, Il s'agit peut-être là du chant du cygne d'un grand monsieur du cinéma, en attendant son prochain, "Giallo" qui nous démontrera peut-être qui sait, que Dario Argento n'est pas mort !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

He's not dead, he's not dead !!!
I hope he's not... but... anyway
great analysis!

Clelie a dit…

Et comment que je hurle au scandale !!! ^_^

Diable ! C'est sans doute la version la plus délirante que j'aie jamais vue, celle que je n'ai même pas eu le courage de "subir" jusqu'au bout. Et je dis bien subir, parce qu'il n'y a pas d'autre terme pour désigner l'ennui profond ressenti en regardant cette horreur...

Je ne connais pas très bien le cinéma d'Argento, mais tout ce que je trouve à dire c'est qu'il est indéniablement à côté de la plaque sur ce coup. Autant j'ai été fascinée par l'adaptation avec Robert Englund (pourtant très noire et très sanglante), autant celle-ci me rebute. C'est presque épidermique.

L'histoire avec les rats est du grand délire (après avoir connu Tarzan, élevé par les grands singes dans la jungle, ici nous avons Erik, élevé par les rats dans les égoûts...) Je me demande bien ce que le réalisateur a voulu faire en nous livrant un fantôme même pas défiguré, avec un look assez improbable (le fantôme serait-il guitariste chez Metallica qu'on ne me l'aurait pas dit ?)... ?

Je suis très tolérante sur les variations que l'on peut apporter à cette histoire, mais chaque chose a ses limites... Tout comme il y a des limites au bon goût... ^_^

Merci pour cette brillante analyse, Gabriel !

Gabriel a dit…

Merci Clélie pour cette...euh... virulente réaction (lol) !

Je m'attendais un peu (j'en étais sûr même) à ce que tu sois aussi sévère avec ce pauvre Argento. Il est vrai que ce fantôme de l'opéra -même si je n'arrive pas à me défaire de mon affection pour cette adaptation maladroite et personnelle qui frôle bien souvent le mauvais goût- est probablement l'un des pires de toute l'histoire du cinéma...on peut difficilement le nier, c'est malheureux mais c'est comme ça (après on aime ou on aime pas -_-). Si tu veux avoir une réelle opinion du travail de Dario Argento, je ne saurai que trop te conseiller son chef-d'oeuvre : Suspiria, sachant que c'est un film graphiquement très violent et dont le parti pris esthétique n'a pas toujours fait l'unanimité...

voili voilou !
A bientôt !

Anonyme a dit…

Oh!!!
méchante jeune fille, ne soyez donc pas si sèvère! (oui cette adaptation est nulle, mais tellement attachante! et oui c'est surement le pire film de sa filmo avec Card Player...) Toi aussi t'as pensé à Metallica!!! sur que ce fantome a un look de métalleux alors -_- Moi je te conseillerais donc soit Profondo Rosso, soit Suspiria, ou attend la sortie de Giallo, mais j'ai quelques doutes! Non décidément, il ne faut pas juger Argento (meme si tu ne le juges au cas ou ce soit pas clair lol) sans avoir vu Suspiria, alors vois-le !!!

Gabriel : Dommage que tu n'aies pas précisé dans ton analyse ce que tu m'as confié sur msn et qui m'avait échappé! Bon javoue que ce ne serait pas de très bon goût dans ta critique, mais comme vous trouvez ce film de mauvais gout de toutes façons -___-

Clelie a dit…

Virulente, virulente... je trouve que je suis relativement objective sur ce coup... ^_^
Je plaisante (quoique)...
Mais si je veux réellement revoir mon opinion sur Argento, je vais écouter vos judicieux conseils, Gabriel et Dario, et voir l'un des films que vous préconisez.

A bientôt,

Clelie