12 juin 2009

Antichrist



Réalisé par Lars Von Trier.

Avec Charlotte Gainsbourg et Wilem Dafoe.

Film en compétition au festival de cannes 2009


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Impossible de résumer le film de Lars Von trier sans tomber dans une affligeante banalité, mais le propos premier du film est simple ; le deuil douloureux d'une femme névrosée qui a perdu son fils et qui rongée par la culpabilité sombre dans l'hystérie. L'effort d'un mari pour donner à ce deuil terrible des allures de thérapie, et l'envers du décors d'une nature hostile et dépouillée en lieu et place du bois qui voyait auparavant les jeux d'une mère et de son enfant.
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Antichrist se regarde comme s'écoute une symphonie, de l'ouverture jusqu'au dernier point d'orgue, et pour renforcer cette impression Lars Von Trier a choisi Haendel pour accompagner son prologue et son épilogue. Entre l'ouverture et le dernier point d'orgue, diront certains la musique ne fait office que de remplissage, mais c'est mal connaitre les grands, car jusqu'à maintenant, personne ne quitte la salle après le "pom pom pom pom" de Beethoven. Et Lars Von Trier de prouver qu'il est grand car les moments de bravoure ne sont ni concentrés dans l'ouverture ni dans l'épilogue, mais ils constituent à eux seuls le film dont la force déséquilibrée, l'adresse inégale, la virtuosité bancale et fébrile, font passer le spectateur à travers tous les états de la névrose qui noircit l'écran et tâche ici et là, de bleu, de vert et d'ocre teinté de sang le tableau déchiré du couple qui évolue à l'écran.

La prestation de Charlotte Gainsbourg valait bien le premier prix d'interprétation féminine, et celle de Wilem Dafoe est tout aussi honorable, mais ce serait oublier la place de la nature dans le film (Antichrist, c'est avant tout une ambiance), cette nature qui pourrait bien être l'"antichrist" du titre, dégoutante et putressante, envahie de mort, emplie de cris d'enfants et d'oisillons mourants : l'église de Satan comme l'appellera la femme anonyme, qui abrite en son sein les trois mendiants, qui annoncent la mort. Au détour d'une clairière, Lars Von Trier clame son désenchantement, alors qu'une biche paisible s'enfuit, trainant derrière elle un petit faon mort né qu'elle n'a pas su expulser, mais c'est le renard le premier qui dans un ultime acte de survie dévore ses propres entrailles, nous informe de la nouvelle, "Chaos Reigns !", peut-être nous en doutions nous déjà, mais c'est sûr à présent et ses paroles resteront à l'esprit du spectateur bien après la vision du film.

Inexorablement, Lars Von Trier nous entraine au fin fond de l'angoisse, sueurs, frissons, larmes et tremblement sont au rendez-vous, Antichrist est un film fait par le cinéma pour le cinéma et trouve sa force dans le fait qu'il cherche à ne satisfaire personne. Et si le fou rire au sortir de la salle vous guette, laissez le exploser, vous aurez bien le temps d'y réfléchir ensuite, et d'entendre encore le renard énigmatique vous souffler à l'oreille "Chaos reigns".

1 commentaire:

Dario a dit…

WOW excellent mon ddn, tu décris, explique ou plutot traduit tout ce que j'ai ressenti pendant et apres le film (le fou rire que j'ai eu avec mon amie, sorte d'expulsion du stress, une envie subite de retrouver la vie apres 1h44 de fresque mortière.
ton article est presque aussi virtuose que le film, car comme pour Van Trier, il fallait le faire! j'aimerais écrire aussi dessus, mais apres ce que tu as fait, je crois que je me rendrais ridicule, au mieux ininteressant.
Toutes mes félicitations (encore lol) mon cher didi. tu sais quoi je vais plutot faire un bel article sur mon blog avec l'affiche du film les détails et je mettrai un lien vers ton blog : didi l'explique beaucoup mieux que moi! (lol).