28 oct. 2008

Elementaire mon cher...Lock Holmes (1988)

Réalisé par Thom Eberhardt.
Avec : Michael Caine, Ben Kingsley, Jeffrey Jones, Nigel Davenport, Lysette Anthony, Paul Freeman...
Musique composée par Henry Mancini.
Librement basé sur le personnage créé par Sir Arthur Conan Doyle

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Pour ne pas briser son image de médecin respectable, le Dr Watson (Ben Kingsley), détective a ses heures a l'idée de faire revenir le mérite à un détective créé de toute pièce, Sherlock Holmes, le héros de ses chroniques pour le journal 'The Strand'. Pour se faire il engage un acteur shakespearien raté, Reginald Kincaid (Michael Caine), qui fait office de perroquet en répétant les brillantes conclusions de Watson. le fait est que la foule qui se presse devant le 221b Baker Street n'etsst pas là pour voir le Dr Watson, mais bel et bien le nouveau héros, le grand détective Sherlock Holmes. La mascarade finit par agacer Watson a tel point qu'il renvoie Kincaid où il l'a trouvé, pensant pouvoir s'en passer et mener les enquêtes seul pour que le monde sache enfin quel fin limier il est. mais quand sa Majesté recquiert les service d'un homme exceptionnel parce que les finances sont mises en péril par des faussaires, elle ne veut rien entendre ; Holmes ou rien !


Nous connaissons tous aujourd'hui l'histoire de l'auteur dépassé par sa création. Sans entrer dans les analyses freudiennes et les comparaisons avec Frankenstein, on dira simplement que Conan Doyle a dû aller jusqu'à réssuciter Sherlock Holmes (qui pourtant avait fait une chûte fatale, avec son enemi de toujours le Professeur Moriarty, dans un torrent glacé de Suisse) pour satisfaire un public qui vouait un vériatble culte au personnage (dont le rôle au départ devait se réduire à payer les factures de Doyle), oubliant même l'auteur derrière le mythe. Si aujourd'hui on peut ignorer qui est Arthur Conan Doyle (moi je trouve ça impardonnable mais bon...), on sait forcément qui est Sherlock Holmes et ce, sans même avoir jamais lu ses aventures. C'est sur la base de ce personnage fictif dont la porté dépasse son auteur que se construit ce "Without a Clue", léger et décalé et ô combien rafraichissant !


Le pastiche holmesien a toujours quelque chose de jouissif, égratigner cette implacable figure victorieuse, cet anti héros froid et à bine des abords antipathique : Eberhardt peut se vanter d'y avoir excellé ! Elementaire mon cher...Lock Holmes est effet l'un des meilleurs pastiches aux côté de Sherlock Holmes attaque l'Orient Express et du quelque peu inférieur La vie privée de Sherlock Holmes. Les répliques, toujours subtiles, sont divinement drôles et le Holmes/Michael Caine est très attachant. On retiendra une réplique en particulier en total décalage avec le personnage original :

"-Et qu'est ce que je cherche au juste, Watson ?
- Des empreintes Holmes, des empreintes...
- Oh eh ben prévenez moi quand j'en trouve...des empreintes."

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Le jeu des acteurs est brillant et le duo Ben Kingsley/Michael Caine est fabuleux. jeffrey Jones interprète un Lestrade peu convaincu par les méthodes de Holmes, mais qui accourt à chaque fois que ce dernier marmone un "mmh intéressant" en regardant n'importe quoi avec sa loupe. sans oublier Nigel Davenport en ministre des finances boursouflé, Lysette Anthony en femme fatale manipulatrice et Paul Freeman en Moriarty impitoyable et cabot - pendant diabolique, non plus de Holmes, qu'il sait être un abruti, mais de watson - qui connaitra une fin à la hauteur vertigineuse du personnage.


Tout ce petit monde évolue dans une parfaite reconstitution du Londres victorien, et sur une musique très inspirée composée par Henry Mancini (Love Story, Romeo & Juliet). En plus d'être une délicieuse parodie, 'Without a Clue" est aussi une grande leçon de cadrage et de montage ; on ne peut qu'admirer la beauté des plans et les positionnements judicieusement audacieux de caméra (j'aime bien les formules ampoulées pour pas dire grand choses ^_^).
Elementaire mon cher...Lock Holmes est donc un petit bijou de la parodie holmesienne qui joue sur une thématique fascinante, intéligent et distrayant ; à (re)découvrir !

2 commentaires:

Clelie a dit…

Magnifique article, comme d'habitude, Gabriel ! Je connais Without a clue de réputation, d'aucun dise qu'il s'agit là du meilleur pastiche du genre... L'idée que Holmes est un imposteur et que Watson est le véritable cerveau n'est pas très éloignée de l'idée des BD de Barral et Veys "Baker Street".
Et comme tu le soulignes, voir ce grand héros vasciller et tourner en ridicule est particulièrement jubilatoire.

Conan Doyle a bien entendu été dépassé par son oeuvre et par son personnage, sur lequel il n'avait plus aucune prise. On peut comprendre en effet qu'il ait donc voulu s'en débarasser définitivement en le faisant sombrer dans les chutes du Reichenbach avec Moriarty ... Mais c'était sans compter les réactions d'un public de lecteurs plutôt enthousiastes, scandalisés par un tel assassinat littéraire, et sans les menaces diverses que l'on faisait planer sur Conan Doyle par l'intermédiaire du Strand ...

Heureusement pour nous, il s'est laissé convaincre de le faire revenir d'entre les morts (ou presque), pour poursuivre ses enquêtes... Au passage, Doyle en a toujours profité pour se "venger" de Holmes, en l'égratignant toujours plus, lui conférant un nombre incalculable de défauts, et un caractère qui allait en s'empirant avec les années...

Ah, les lecteurs l'avaient bien cherché... ^_^

Amicalement,

Clelie

Anonyme a dit…

C'est toujours un grand plaisir de te lire Clélie, merci pour ce commentaire chaleureux et intéressant.

Tout ce que je peux répondre, et tu t'en doutes, c'est que je te conseille vivement cette petite merveille so british qu'est Without a clue.
Comme la saison s'y prète, je me suis replongé dans les aventures de Sherlock Holmes, en reprenant Une étude en rouge dont je pourrai presque maintenant réciter les premières pages par coeur ^^ c'est un réel plaisir de se retrouver sur un terrain connu et qui pourtant ne perd rien de son charme !

A bientôt,

Gabriel