22 déc. 2010

Requiem Silencieux pour Jean Rollin


Né le 3 Novembre 1938, Jean Rollin fut l'un des rares cinéastes français à s'illuster dans le cinéma fantastique. Débutant sa carrière avec des court métrages tels Les Amours Jaunes ou Les Pays Loin, à la fin des années 50, il collabore avec Margueritte Duras sur L'Itinéraire Marin, son premier long métrage qui ne verra jamais le jour.
Adepte du nouveau roman et de la déconstruction narrative, Rollin réalise en 68 ce qui sera donc son premier long métrage : Le Viol du Vampire. Le réalisateur pensait que son film, étrange et très post-nouvelle vague répondrait aux attentes de la nouvelle cinéphilie française, que nenni, la bobine surréaliste, sera très mal reçue par le public français. devant le scandale qu'engendre son premier film, Rollin songe un temps à abandonner le cinéma, mais n'en fait rien.
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La fin des années 60 et le début des années 70 verrons naitre la plupart des films de vampire de Rollin : La vampire Nue, Le Frisson des Vampires, Requiem pour un Vampire (le meilleur des trois à mon sens). Mais chacun de ces films se heurte à l'hostilité de la critique, qui ne s'est pas calmé depuis Le Viol du Vampire.

Après Requiem pour un Vampire, Rollin abandonne quelques temps les enfants de la nuit, pour réaliser l'un de ses chefs-d'oeuvre : La Rose de Fer (1972), sublime errance d'un jeune couple enfermé toute une nuit dans un cimetière, le film est tout autant inspiré par Tristan Corbière que par Baudelaire.
Suivront Les Demoniaques (1974), un film fantastique et fantaisiste, haut en couleur et ambitieux, puis c'est à nouveau le vampire qui est à l'honneur avec Lèvres de Sang, d'après un scénario auquel Rollin tient beaucoup, sur le souvenir et la recherche de l'être aimé. Malheureusement, la quête de Jean Lou Philip de touchera pas le public, et c'est de nouveau l'échec commercial auquel est confronté le réalisateur, malgré la réussite artistique.
C'est à cette période que Jean Rollin va réaliser sous diverse pseudonymes plusieurs films érotiques, voire pornographiques qui permettront d'amasser le maigre budget des films suivants. Il réalisera à la même période Les Raisins de la Mort, en 1977, son premier film de morts vivants.
Revenant comme toujours au vampire, il parvient à réaliser en 79, son très poétique Fascination, dans lequel il fait jouer Brigitte Lahaie, pour laquelle c'est le premier grand rôle en dehors du X. Mais la critique et le public demeurent hostiles, persistant à ne voir en Rollin qu'un réalisateur de troisième zone, coincé quelque part entre le z et la pornographie (pourtant toujours absente de ses oeuvres fantastiques). l'accueil ne sera pas meilleur pour La Morte Vivante, pourtant très touchant malgré les excès sanglants, et certainement pas pour Le Lac des Morts Vivants, produit par Eurociné, qu'il signe d'un pseudonyme, après que même Jess Franco ait refusé de le réaliser.
Jean Rollin se fait de plus en plus discret, préférant se consacrer à l'écriture, ce qui ne l'empêche aps en 1997, de revenir à ses premières amours avec Les Deux Orphelines Vampires, adapté de l'une de ses propres nouvelles, puis avec le délirant La Fiancée de Dracula (2001).
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Malade, Rollin réalise en 2007 son film testament, le fascinant et troublant La Nuit des Horloges, dans lequel Ovidie erre dans l'imaginaire du cinéaste, rencontrant ses personnages abandonnés, arpentant 40 ans de filmographie.
Jean Rollin, après nous avoir offert un dernier film, Le Masque de la Méduse, s'est éteint le 15 décembre 2010 à l'âge de 72 ans... tiens Jean, voila des roses blanches, toi qui les aimait tant.

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