8 déc. 2008

La Damnation de Faust (Opéra en 4 actes par Hector Berlioz)



Opéra en quatre actes créé à Paris en 1846 par Hector Berlioz. Cette oeuvre musicale est basée sur la pièce de Goethe traduite par Gerard de Nerval.
Marciello Giordani (Faust), Susan Graham (Marguerite) et John Relyea (Mephistophélès) dans une mise en scène de Robert Lepage. Orchestre dirrigé par James Levine.
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Au crépuscule de sa vie, le Dr Faust pense à la mort. Alors qu'il s'apprète à porter à ses lèvre une coupe de poison, Mephistophélès fait son apparition sous la forme d'un séduisant voyageur qui propose à faust un étonnant voyage au pays des plaisirs et pourquoi pas l'amour sur un plateau d'argent...Non loin de là, sans l'avoir jamais vu, Marguerite rêve à faust et en tombe amoureuse en songe.

Lorsque l'on évoque Faust à l'opéra on pense forcément à l'oeuvre de Gounod et au fameux air des bijoux (aaah je ris de me vois si belle etc etc), oeuvre dont on ne peut nier le caractère parfois vaudevillesque malgré une ampleur et une beauté déconcertante. Face à ce chef-d'oeuvre incontesté se tient, plus courte et plus concise la version de Berlioz, qui n'a musicalement rien à voir, mais rien à envier à l'oeuvre de Gounod.



Le sexy Mephistophélès entraine Faust dans les bas-fonds après lui avoir rendu sa jeunesse.


Le plus bel air est sans doute la Romance de Marguerite lors de sa première et bouleversante apparition sur scène. L'interprétation sans faille de Susan Graham (qui n'a pourtant plus vraiment l'âge pour ce rôle d'innocente jeune femme) renforce l'émotion suscité par cette air mélancolique et doux qui reste très longtemps en tête et par ce rôle si injuste et si beau.

L'interprétation de Faust par Marciello Giordani est tout à fait honorable, même si l'on peut à la base reprocher un manque de nuance chez le personnage de Berlioz. Le revirement final de Faust est amené magistralement mais il est malheureusement difficile pour le spectateur de ressentir une quelconque forme d'empathie pour le personnage.

Mais le meilleur interprète de cet opéra est sans conteste John Relyea qui incarne un Mephistophélès monstrueusement sensuel à la voix grave et profonde. Personnage à la fois le plus sadique et le plus sage, la figure du diable dans cet opéra est de loin la plus intéressante.


Marguerite éfondrée alors que Faust ne revient pas.

Elle sort pensant presser son retour.




Ce chef-d'oeuvre méconnu se trouve sublimé pour cette représentation au Metropolitan Opera de New York par une grandiose mise en scène de Robert Lepage, scénographe célèbre pour avoir l'habitude de bouleverser les codes de la mise en scène pare l'utilisation de nouvelles technologies. Bien sûr, on redoute de sa part une débauche d'effets convenus et intiles, mais loin de là, Robert Lepage nous gratifie de scènes certes créées grace à un écran ou des images de synthèse, mais d'une poésie enchanteresse qui m'a tout simplement scotché ! Ce décors sophistiqué est loin de dénaturer l'opéra de Berlioz et donne à l'adaptation de l'oeuvre de Goethe une dimension fantastique inédite dirigée de main de maître par ce petit génie de Lepage. Cette vision nouvelle permet de découvrir d'une manière inhabituelle un superbe opéra par trop sous-estimé.



Malgré ces effets légèrement artificiels dans leur beauté plastique très propre, La Damnation de Faust garde tout son panache et cette pléïade d'acteurs nous offre une prestation magique pour deux heures trois quarts d'enchantement qui nous font littéralement redécouvrir l'histoire pourtant maintes fois revue de la damnation de Faust.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Au fait je ne t'ai pas dit, mais Aida de Verdi c'etait super bien! l'action était un peu molle sur scène mais c'était qd meme super!^^

Gabriel a dit…

J'aurai adoré voir cette oeuvre splendide de Verdi sur scène, mais mon programme opéra/théâtre est un peu chargé à présent ^^.
Merci pour le com !
A bientôt !

Clelie a dit…

Je connais bien mieux le Faust de Gounod que La Damnation de Faust de Berlioz. Pour ce dernier, je pense en avoir vu il y a plusieurs années, une version si visuellement détestable, dotée d'une mise en scène si ridicule, d'une modernisme si outrancier, que je n'ai même pas eu le courage de regarder l'oeuvre jusqu'au bout. La musique, pourtant magnifique, était alors passée à la trappe, trahie par des effets visuels complètement décalés et une direction d'acteurs à côté de la plaque. Je retenterai l'expérience peut être avec cette version... En tout cas, ta critique est très intéressante.

Il est indéniable que Méphistophélès est le personnage le plus intéressant et le plus trouble de l'oeuvre, tout comme il l'est déjà dans la version de Charles Gounod (Ah, il faut voir Rene Pape dans ce rôle dans la scène du Veau d'Or... Une puissance rare et une réelle implication dans le rôle, ce qui est malheureusment loin d'être le cas de tous les chanteurs d'opéra).