2 janv. 2009

La Chûte de la Maison Usher



Réalise par Roger Corman en 1960.
Avec Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey.
Musique composée par Les Baxter.

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Philip Winthrop fait le voyage de Boston jusqu'au domaine Usher pour rejoindre sa fiancée et la demander en mariage. Il espère aussi l'éloigner ainsi de son frère possessif et de cette maison qui semble l'affaiblir tant. Mais Madeline ne peut quitter la terre de ses ancêtres et elle doit selon son frère s'éteindre avec lui pour mettre fin à la lignée Usher. Et la maison qui semble pensante entend bien servir de tombe à ses derniers occupants.

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Premier d'une série de huit films consacré à Edgar Allan Poe (dont l'un d'eux, The Haunted Palace est adapté de Lovecraft mais on dira rien), La Chûte de la Maison Usher bénéficie au casting de la présence de Vincent Price (qui reviendra fréquemment au cour du cycle Poe) et d'un scénario de Richard Matheson. La recette gagnante sera souvent reprise par la suite avec notamment La Tombe de Ligeia et Le masque de la Mort Rouge.

La première chose qui frappe le lecteur lorsqu'il découvre La chûte de la Maison Usher par Edgar Allan Poe, c'est cette mélancolie poussée à l'extrème, cette minutieuse description d'une maison qui acquiert le statut de personnage central du récit. L'insistante énumérations des éléments liés à la tristesse, à la fatalité, et l'accablement extrème de Roderick Usher achève de nous immerger dans ce monde matiné de gris, de rouge sombre, de noir, de bleu nuit auquel Poe sait si bien donner corps et ne l'a d'ailleurs jamais aussi bien fait que dans la chûte de la Maison Usher.
Ce que l'on peut dire en premier lieu sur le film de Corman, c'est qu'il a parfaitement su capter cette mélancolie poussée à l'extrème et la retranscrire à l'écran via des décors splendides, comme ce plan magnifique de la Maison Usher noyée dans la brume, à ses pieds un immense lac noir à la surface lisse comme un miroir, entourée d'arbres mort dans un silence dérangeant.




L'un des principaux atouts de cette adaptation outre ses décors et son esthétique pointilleuse si fidèle à l'esprit de Poe, est l'acteur Vincent Price qui interprète ici à mon sens l'un des plus grand rôle de sa carrière ; Roderick Usher, personnage malade et affaiblit, hyper sensible et pourtant clairvoyant sur sa condition. Si Usher est possédé par sa demeurre, Price est littéralement possédé par son rôle et livre une interprétation sans faille de ce personnage de dément pathétique.

On ne pourra pas reprocher à Matheson d'avoir quelque peu romancé l'historie originale en y ajoutant cette histoire d'amour entre Patrick et Madeline (à l'origine Patrick vient voir son ami d'enfance, Roderick et Madeline a déjà un pied dans la tombe au début du récit) puisque celle ci permet un beau numéro d'acteur et quelques séquences fort réussies comme lorsque la maison mécontente fait s'éffondrer un lustre dans le hall à l'endroit même ou Patrick se trouvait quelques secondes auparavant. Cette romance permet aussi de renforcer le rapport étroit entre l'amour et la mort qu'on retrouve fréquemment dans les écrits de Poe et qui est au centre de ce cycle puisqu'on le retrouve dans The Pit and The Pendulum et The Tomb of Ligeia entre autres.

La musique de Les Baxter souligne admirablement les "sautes d'humeur" de cette maison, ce qui renforce l'idée que tout le récit tourne autour de cet étrange personnage dont s'inspireront certainement nombre d'auteurs et de réalisateurs plus récents, comme Matheson lui-même avec La maison des damnés, Shirley Jackson avec The Haunting of Hill House et Stephen King avec Rose Red.


Flamboyante réussite gothique qui trouve son apogée dans la fameuse chûte du titre, qui représente à la fois la fin de la dinastie Usher et l'effondrement de ces hautes murailles qui se replient sur sur leurs occupants pour leur servir de tombeau, Malgré quelques détours, The Fall of the House of Usher se trouve être étonnament proche de son homonyme littéraire et reste aujourd'hui la meilleure adaptation cinématographique du roman et même de toute l'oeuvre d'Edgar Allan Poe.

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