25 janv. 2009

Mary Stuart de Schiller. Mis en scène par Stuart Seide


Texte : Friedrich Schiller
Traduction et version scénique : Eberhard Spreng et Stuart Seide
Mise en scène : Stuart Seide assisté de Nora Granovsky
Distribution : Sébastien Amblard (Mortimer), Pierre Barrat (Shrewsbury), Éric Castex (Paulet), Bernard Ferreira (Kent), Cécile Garcia Fogel (Elizabeth 1ère), Jonathan Heckel (Davison), Caroline Mounier, (Kennedy), Océane Mozas (Mary Stuart), Julien Roy (Burleigh), Stanislas Stanic ( Aubespine, Melvil), Vincent Winterhalter (Leicester)
Scénographie : Philippe Marioge
Costumes : Fabienne Varoutsikos
Lumières : Jean-Pascal Pracht
Son : Marco Bretonnière
Maquillage, perruques : Catherine Nicolas
Durée : 2h20
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Deux femmes s'affrontent, elles sont toutes deux reines et toutes deux sont au centre de toutes les manigances politiques. Les deux soeurs enemies, Elizabeth Ière et Mary Stuart dans cette confrontation se livrent à corps perdu au jeu des masques, contradictoires et torturées, toutes deux s'exposent l'une à l'autre au paroxisme d'une oeuvre tragique mise en scène avec goût et sobriété.
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Il n'y avait que Stuart Seide pour porter sur scène la pièce ô combien difficile de Friedrich Schiller, et dire qu'il a réussit serait un euphémisme.
En tête d'affiche, Elizabeth et Mary, les deux femmes d'envergure, toutes deux à la fois orgueilleuses et pathétiques. La première à la voix cassée, caverneuse, grave, ensorcelante, la démarche lente, presque alcoolisée, le pas feutré, les yeux hautains et envoutant de Cécile Garcia Fogel. La seconde a l'oeil sauvage, la beauté dure, le maintiens et le coffre puissant d'Océane Mozas. Entourées par des commédiens talentueux tel que Julien Roy et son air d'anglais typique, les deux femmes nous offrent une partition sans faute, un grand numéro bouleversant qui trouve son paroxisme dans une splendide scène dans laquelle sont confrontées les deux femmes, totalement chimérique, la scène permet à ces deuxc figures immortelles de régler leurs comptes lors de ce qui reste LE morceau de bravoure de la pièce et son mécanisme centrale, son intérêt principal, qui fait l'espace d'une dizaine de minutes de Mary Stuart la reine et d'Elizabeth Ière la criminelle.
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La mise en scène de prime abord austère et minimaliste de Stuart Seide fait superbement ressortir les compositions des comédiens qui trouvent dans ce décors une parfaite représentations de l'état d'esprit des protagonistes, une froideur implacable qui n'a pour but que leur propre intérêt. Le décors sombre s'éclipse face aux géantes qui l'occupent, tout s'accorde autour des deux figures féminines pourtant manipulées.
La pièce de Schiller ne cesse de crier le mot de dualité, dans chaque scène règne l'oposition, jusque dans la personnalité de ses personnages, contradictoires, rongés de scrupules et de remords mais engagés dans un engrenages terrible.
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Un final qui voit une Elizabeth rongée par le remords, anéanti, alors que Mary Stuart s'avance serreine vers la mort clot avec brio ce chef-d'oeuvre, qui a plus de deux heures durant fait frémir l'assemblée.
Au sortir de la salle on entend bien des remarques, élogieuses pour la plupart..."On entendait pas ce qu'elle disait, Elizabeth, l'avait une extinction ou quoi ?" . J'ai dis la plupart, il fallait bien qu'il y en ait pour faire tache ;).

Twilight chapitre 1 ; Fascination

Réalisé en 2008 par Catherine Hardwicke.
Avec Kristen Stewart, Robert Pattinson...
D'après le roman Fascination de Stephenie Meyer

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Isabella Swan, 17 ans, déménage à Forks, petite ville pluvieuse dans l'Etat de Washington, pour vivre avec son père. Elle s'attend à ce que sa nouvelle vie soit aussi ennuyeuse que la ville elle-même. Or, au lycée, elle est terriblement intriguée par le comportement d'une étrange fratrie, deux filles et trois garçons. Bella tombe follement amoureuse de l'un d'eux, Edward Cullen. Une relation sensuelle et dangereuse commence alors entre les deux jeunes gens : lorsque Isabella comprend que Edward est un vampire, il est déjà trop tard.

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Sceptique j'étais, quand on m'a présenté Stephenie Meyer comme la nouvelle Anne Rice...raison j'avais...En effet, les vampires de Forks n'ont rien des immortels florentin, venitiens etc. qui peuplent les désormais cultes chroniques des vampires.

A la lecture du roman, l'idée d'en voire une adaptation ciné n'était pas des plus folichonne, le premier tome de Twilight, Fascination semble en effet écrit avec les pieds par un pirate unijambiste...

Reste que l'historie proposée est assez intéressante et qu'on a du mal à rester en retrait, j'avoue, si le livre m'a laissé de marbre, je me suis laissé prendre au jeu du film. Les deux heures bien orchestrées de romance trouble et de cache-cache fiévreux sont parvenus à me séduire.

Peu de chose à dire en vérité, sur une romance bien emballée dans un joli papier argenté, qui manque un peu de sang, le comble pour des vampires, le reste se laisse voir, non sans plaisir, en grande partie grâce aux paysages magnifiques et à l'interprétation des deux personnages principaux. L'ensemble assez linéaire est relevé par la présentation d'une "famille" de vampire assez irrésistible et par une traque, largement trop courte mais qui offre malgré tout son petit pesant d'adrénaline. En résumé, je pensais ne jamais avoir à dire ça, mais à un premier tome assez fade, préférez l'adaptation. Mais il est vrai que nous sommes là devant une grosse production tout public dont le public est composé en majeur partie de jeunes filles prépubères...de cette fable asceptisée d'éternels lycéens vampires, on retiendra de magnifiques décors et on regrettera surtout le sous-texte anti sexe.

21 janv. 2009

DRACULA

Réalisé par Bill Eagles en 2006.

Avec David Suchet, Marc Warren, Sophia Myles, Dan Stevens...
D'après le roman de Bram Stoker.

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Lord Arthur Holmwood, après avoir demandé en mariage Lucy Westenra, se rend au chevet de son père mourrant qu’il n’a pas vu depuis de longues années. Le médecin de ce dernier avoue à Arthur que son père est victime de la syphilis, qui a également provoqué le décès de sa mère et qu’il est sûrement lui-même atteint par cette maladie du sang. Alfred Singleton, membre d’une confrérie satanique, propose alors au jeune Lord une solution : faire nettoyer son sang par "leur maître" : le Comte Dracula. Pour ce faire, Arthur doit réussir à faire venir à Londres Dracula, qui vit en Transylvanie…
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La BBC s'était déjà essayé avec succès à l'adaptation dy mythe de Dracula en 1977 avec l'excellent téléfilm de Philip Saville avec Louis Jourdan dans le rôle du comte (Count Dracula). Trente ans plus tard la chaine retente l'aventure avec ce Bram Stoker's Dracula qui fait polémique, notamment à cause des écarts pris avec le matériaux d'origine et qui pour beaucoup font passer le "Bram Stoker's" du titre comme un mensonge pur et simple.

Le film de Bill Eagles frappe d'entrée de jeu par son esthétique et sa photographie magnifique, les décros sont sublimes et rendent superbement hommage au roman de Stoker, avec leur majestée gothique et leur beauté plastique. Le plus beau plan étant pour moi celui de la carriole d'Harker arrivant au château de Dracula :


Dracula d'ailleurs n'apparait que tard dans le film, qui se focalise plutôt sur les problèmes de couple de Lucy et Arthur qui devienne les principaux acteurs du récit, tandis que Harker n'est plus qu'un outil et Mina ne trouve son importance qu'encore plus tard. C'est dans ce postulat que réside les principaux changement par rapport au roman. Eagles introduit la Syphilis dans le scénario et l'invoque comme la raison de la venue du Comte en Angleterre. cela donne lieu à quelques scènes choc comme la première rencontre avec le père Holmwood, rongé par la maladie, ou à celle qui font exploser la folie latente d'Arthur. la tension qui grandit entre les jeunes mariés, Lucy et Arthur va crescendo de façon très fluide, Lucy se plaint que son mari ne la touche jamais, sa frustration est l'état idéal dans lequel la vcueillera le vampire lors d'une scène fortement érotique où Dracula la rejoint dans son lit. Jonathan et Mina eux, forment un couple impossible, chacun d'eux est encore vierge et se réserve pour un mariage qui n'arrivera jamais, Jonathan meurt en transylvanie vidé de son sang par le comte qui retrouve du coup son aspect juvénil (séduisant Marc Warren).

Au niveau du casting c'est un sans faute, Marc Warren campe un Dracula, qui vaut bien Garry Oldman, mais dont le rôle se rapproche plus de celui d'un Frank Langella, son maquillage est superbe et son regard à la Malcolm McDowell fait beaucoup. Sophya Myles est certainement celle qui en impose le plus dans le film, une lucy au caractère fort et dur et à la beauté classique envoutante et Dan Stevens, parfait dans le rôle d'un Arthur assez salaud et égoïste. le bat blesse un peu du côté de Van Helsing, qui devient u mixe entre le chasseur de vampire bien connu et le malade Renfield (uqi est d'ailleurs occulté du récit). Interprété par un David Suchet toujours merveilleux, Van Helsing ici craint Dracula plus que tout et semble un peu dérangé, probablement à cause d'une longue peridoe d'enfermement dans un cachot du comte...le rôle reste néanmoins intéressant car il propose une belle variante du personnage et une origine à sa haine du vampire.


En résume malgré qu'il s'écarte à mainte reprise du récit et de l'esprit du roman, Dracula par Bill Eagles reste une réussite esthétique quasi parfaite et une approche original de l'histoire écrite par Stoker, dont les décors et les acteurs frôle à tout moment la perfection. A ne pas manquer !

18 janv. 2009

Dr Jekyll & Mr Hyde

Réalisé par Maurice Phillips en 2002.

Avec John Hannah, David Warner, Kellie Shirley...
D'après le roman de R.L. Stevenson.

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Le Dr Jekyll pense pouvoir dissocier le bien et le mal chez l'être humain grâce à la science. L'exposition de ses théories le ridiculise vis à vis de ses collègues mais suscite l'intérêt de Sir Danvers Carew dont la fille n'a d'yeux que pour Jekyll. Si les travaux de Jekyll aboutissent, Carew lui promet de lui obtenir un cobaye humain de l'asile. malheureusemet, le dénommé Edward Hyde se tue, persécuté par ses démons intérieur et Jekyll, persuadé de la réussite de son expérience décide d'utiliser la drogue mise au point, sur lui même...Il se réveille le lendemain sans aucun souvenir de la nuit passée. Peu à peu il se rend compte que la drogue éveille une partie endormie de sa personnalité. Il décide de cacher la mort du patient et donne à son côté sombre le nom de Hyde.

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C'est sceptique que j'ai acheté pour 9€ en belgique cette adaptation récente du classique de Stevenson mais force m'est d'admettre que je ne regrette aucunement mon achat ! Cette version de Dr Jekyll & Mr Hyde est tout à fait remarquable !

Réalisé par Maurice Phillips spécialiste des séries télé et bénéficiant des interprétation de John Hannah (La Momie I et II) et de David Warner ( La Compagnie des loups, The Omen, The lost World de 1992) aisni que d'une superbe photographie, ce film produit par Universal pour la télévision vaut bien les plus célèbres adaptation cinématographiques.
La reconstitution du Londres est, comme à l'habitude de ses grosses production télévisuelles, magnifique et les éclairages les servent à merveille.

Le film est sobrement mis en scène et le scénario est très fidèle au matériau d'origine. Il est aussi tiré vers le haut par des dialoques piquants, des répliques subtiles et un jeu sans faille des acteurs. Le scénariste Martyn Hesford a aussi eu la bonne idée d'inclure quelques éléments pitoresques comme un couple de domestiques odieux. On ne nous sert pas ici les habituels numéros de cabaret lors des sorties de Hyde, pas d'interminables et ennuyeuses scènes de débauche, mais quelques séquences choc très bien orchestré accompagnés d'une bande son discrète mais excellente !

On saluera enfin la prestation de John hannah dans le rôle du scientifique aux deux visages, qui ne s'embarasse pas ici de maquillage et rend son personnage d'autant plus effrayant qu'il en est plus crédible, une prestation qui préfigure celle non moins excellente de James Nesbitt 4 ans plus tard.

Pour faire court, si L'Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde a été porté à l'écran en de nombreuses occasions, il n'en est qu'un nombre restreint que l'histoire retiendra et il serait injuste qu'on oublie cette version car elle fait à coup sûr partie des meilleures !


Le Retour De Dracula par Freda Warrington

Roman de Freda Warrington publié en 1997 aux éditions Calmann-Lévy. 312 p.
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Sept ans après la mort de Dracula, Mina et Jonathan Harker accompagnés du Professeur Van Helsing retournent en Transylvanie pour s'assurer que la malédiction est bien levée. Lorsqu'ils arrivent sur les lieux, l'étrange sentiment de malaise qui les étreint se disspie vite quand il font la connaissance du professeur Kovacs et de sa nièce Elena. Mina, séduite par celle ci l'engage comme gouvernante et l'emmène en Angleterre. Très vite la jeune femme en vient à se demander si le voyage n'a pas réveillé les démons du passé...l'ombre de Dracula plane de nouveau sur les ruines de Carfax. Pendant ce temps, Kovacs se met en tête de retrouver la Scholomance, l'école du diable par laquelle Dracula aurait acquit l'immortalité.

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Donner une suite au pavé virtuose de Bram Stoker n'a rien d'une mince affaire, nombreux sont ceux à s'y être cassé les dents. Cependant, ça et là, on déniche quelque petites perles comme la trilogie de Jeanne Kalogridis (Pacte avec le vampire...), ou le roman de Françoise-Sylvie Pauly (L'invitée de Dracula) et bien sûr la plus célèbre de toutes : Le retour de Dracula par Freda Warrington.

Force est d'admettre que l'auteur s'en sort remarquablement bien dans cet exercice et parvient à retrouver le style évocateur du roman original sans pour autant en faire une copie conforme. Au fil d'un récit formé de lettres de journeaux intimes et d'articles de presse elle parvient à rendre la tension du roman d'origine tout en jouant sur tous les registres pour susciter l'épouvante et l'émotion.

On retrouve avec plaisir les personnages du Dracula de Stoker, 100 ans après, avec 7 ans de plus, mais inchangés, toujours aussi attachants, toujours aussi ambigües. Freda Warrington nous fait découvrir un peu plus en profondeur les zones d'ombre des personnages qu'elle parvient à faire siens ; la fascination de Van Helsing pour le vampire, l'attirance trouble de Mina pour cet amant d'outre tombe, la jalousie déplacée de Jonathan. Elle fait aussi intervenir de nouveaux arrivants, comme la famille Kovacs qui sera sans le savoir le moyen pour Dracula de revenir à la vie, le jeune fils de Mina et Jonathan, Quincey Harker dont le rôle dans le récit à une grande importance, ainsi qu'une autre menace, bien plus terrible que Dracula et qu'il va falloir combattre...

Et bien évidemment Dracula est au centre du roman, bien plus qu'un prédateur sans voix, il est ici l'un des acteurs principaux et nos petits croisés (Harker, Holmwood, Morris, Seward...) ne monopolisent plus les pages avec leurs discours égocentriques et bornés. Si Dracula revient c'est bien sûr pour récupérer Mina, mais c'est aussi l'occasion de rendre justice au personnage et d'en faire enfin le héros tragique qu'il n'avait pas pu devenir jusqu'alors. Le vampire qui n'avait pas ou très peu la parole dans le roman de Stoker entrouvre ici son coeur glacé mais avec réserve et même parfois avec tendresse et une humilité touchante, sans pour autant perdre de vue son but premier, et quelques dialogues avec Mina, à la lueur d'une cheminé dans l'abbaye de carfax pourrait bien tirer à certain une petite larme.

Freda Warrington ouvre les yeux de ses personnages, et plus personne n'est ni blanc ni noir, pour au final inverser les rôles, ceux qui meurent pour la bonne cause ne sont pas ceux que l'on croit...

Avec Le Retour de Dracula c'est à la fois le personnage de Dracula qui revient à la vie et le mythe créé par Stoker qui retrouve un nouveau souffle à travers ce récit passionnant et poignant. Un seul bémol, une note/épilogue un peu trop grandilocante.

15 janv. 2009

Vampire Knight

par Matsuri Hino.
Premier tome paru le 05/07/05 au japon et le 14/06/07 en France (édité chez Panini Manga)

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A l'académie Cross, internat réputé, la Night Class n'est composée que de beaux et brillants élèves. Mais derrière leur apparence de lycéens ordinaires, se cachent en réalité...des vampires ! Yûki et Zero sont tous deux gardiens, chargés de protéger le secret. Yûki; convaincue d'une coexistence pacifique possible entre humain et vampire prend son rôle très au sérieux...Alors que Zero nourrit une haine féroce contre ceux qu'il voit comme des monstres. Tous deux ont eu une enfance mouvementée...sans les vampires, Zero aurait encore une famille...sans un vampire en particulier, Yûki ne serait plus de ce monde.

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Une fois n'est pas coutume, je vous parle aujourd'hui de manga ! Difficile de trouver un manga qui m'enthousiasme vraiment...ça n'était jamais arrivé avant Vampire Knight, et ça n'est pas arrivé depuis, il me parait donc intéressant de vous faire part de mon intérêt.

Matsuri Hino est une auteur de Shojo (manga à la sauce lycéenne) bien connue au japon, mais son envie de raconter une histoire plus sombre la pousse à abandonner des intrigues de dortoirs pour de nouvelles. car Vampire Knight a beau être une authentique historie de vampires il n'en perd pas moins le côté shojo des précédentes séries de son auteur.

Une école de vampire, une orpheline apparemment banale sauvée d'une mort certaine alors qu'elle n'est qu'un bébé, un directeur protecteur et une ombre menaçante qui plane sans cesse...des mystères, du sang et une belle histoire d'amour...ça vous rappelle pas un certain Harry...quelque chose...a comment il s'appelle celui là déjà avec sa cicatrices...ah mais vous l'savez bien...ben m'aidez pas surtout ?! C'est vrai que de prime abord, le scénario de Vampire Knight évoque Harry Potter...oui mais non, puisque harry est un garçon, donc il est tarte au possible égocentrique et colérique, Yûki est une fille...donc elle est tarte bien sûr, mais elle est aussi tiraillée entre 2 beaux jeunes hommes (aaah les bon vieux poncifs du genre) ; pour faire simple, l'un est le vampire, Kaname, qui l'a sauvée alors qu'elle n'était qu'une enfant, et le second est son pote gardien qui ne sais pas voir le premier, vous suivez ?


Et là, pendant que je me perd en explications vaseuses, vous vous dites "mais c'est con comme la lune son truc !" et en me relisant je me dis que c'est ce que je dirai aussi...alors je reprend de façon plus compréhensible :

Malgré son côté bleuette matinée de sang, Vampire Knight n'en est pas moins une histoire sombre dont chaque acteur a une psychologie parfaitement définie ; pas vraiment de gentils ni de méchants, les nuances sont infinies et la quête de Yuki pour comprendre son passé se révèle passionnante, et même parfois assez angoissante ; on ne sait jamais à qui elle pourra faire confiance, à part Zero, fidèle Zero, qui menace à tout instant de basculer vers la folie (Ah parce que j'vous ai pas dit mais le passé de Zero c'est pas gai...en fait lui c'est un vampire, mais pas par le sang, par la morsure, un batard en somme, méprisé par les vrais vampires et condamné à une errance terrible...enfin pas tout de suite).

Les personnages les plus intéressants du manga sont bien sur Kaname et Zero, leur rivalité ambigüe n'est pas pour aider Yuki et tous les deux lui cachent des choses, tout comme le directeur Cross...


Les seconds rôles ne sont en aucun cas dépourvu d'intérêt, et des personnages comme Aido et Kain, couple de cousins vampirique séducteurs et dangereux, Ichijo, le bras droit de kaname, tellement raisonnable qu'il parait parfois louche, Shiki, le plus beau vampire qui soit et dont le rôle ne se développe vraiment que vers le tome 7...et cette chère lady Shizuka dont je ne dirai rien ^^.

Pour ce qui est du dessin de Matsuri Hino il est superbe, on distingue très facilement chaque personnage et l'auteur représente à merveille les décors où elle situe l'action (j'ai un gros faible pour la chapelle de l'école).

En bref Vampire Knight est un excellent manga, teinté de rouge et d'érotisme, extrêmement prenant (si si, c'est moi qui raconte mal -_-), qui est certes destiné aux adolescent(e)s mais qui n'est est pas moins remarquable (plus que le premier tome de Twilight en tout cas), à découvrir, même pour ceux qui ne sont pas amateurs de manga, celui ci vaut le coup ! Alors si vous n'avez plus 16 ans, faites comme moi : faites comme si !


11 janv. 2009

Dr Jekyll and Mr Hyde (1941)

Réalisé par Victor Fleming en 1941.

Avec Spencer Tracy, Ingrid Bergman, Lana Turner...

D'après le Roman de Robert Louis Stevenson ; "The strange case of Dr Jekyll and Mr Hyde".

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Le docteur Henry Jekyll est un jeune et brillant médecin fiancé à la jolie Beatrix Emery. Ses recherches sur la dualité du Bien et du Mal chez l’individu et son désir de dissocier ces tendances l’accaparent complètement. Ces théories nouvelles ne font pas l’unanimité auprès de ses confrères plus réactionnaires. Le père de Beatrix, Sir Charles Emery, mécontent du non-conformisme de Jekyll et de son impatience à épouser sa fille décide d’éloigner celle-ci pendant un temps, afin d’éprouver leur attachement. Un soir, Jekyll accompagné de son ami, le docteur John Lanyon, sauve d’une agression la belle Ivy Peterson, une serveuse de bar, et la raccompagne chez elle. Reconnaissante, elle fait des avances à un Jekill profondément troublé.
Le soir même, cloîtré dans son laboratoire et après de longues recherches, Jekyll se décide à expérimenter sur lui-même un breuvage qu’il a mis au point et mettre en pratique ses théories...

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Dr Jekyll & Mr Hyde est une oeuvre qui a connu, à l'instar de nombreux classiques de la littérature gothique britanique, un nombre incalculable d'adaptation cinématographiques, dont certaines font figures de chef-d'oeuvres. On se souviendra notamment du film de Robertson avec John Barrymore (1920), de celui de Mamoulian (1931) première adaptation parlante, de celui de Terrence Fisher (1962) The two faces of Dr Jekyll malheureusement quelque peu oubliée, du téléfilm, magistrale de David Wickes avec Michael Caine (1989) et pourquoi pas d ela récente série produite par la BBC avec James Nesbitt, sobrement titré Jekyll. mais s'il en est une qui fait autorité, je le dis et je le crois, c'est bien celle de Victor Fleming, réalisé en 1941 et nanti d'un casting parfait, Spencer Tracy en tête !

Les sceptiques pourront me reprendre en disant que cette version reprend mot pour mot voir même image par image la version de 1931 et que Fleming délaisse l'inspiration qui l'a visité pour Le Magicien d'Oz et Autant en emporte le Vent pour livrer à la MGM une copie conforme de la version Paramount de 10 ans son anée. Pas faux ! Mais pas tout à fait vrai pour autant.

Fleming nous gratifie d'abord d'une séquence d'ouverture tout à fait innovante, bien sûr on échappe pas aux relents de morale chrétienne, mais Fleming et son savoir faire vont bien au delà de la simple opposition entre les deux facettes de l'être humain.

le choix qui choque le plus dirons nous dans cette version, c'est celui d'avoir située l'action dans une idéologie parfaitement bourgeoise, beaucoup plus appuyée que dans les version précédentes. L'image semble se conformer à ce choix et se fait plus lisse, la caméra plus discrète et en opposition Hyde se fait plus vulgaire et plus cruel. Le jeu de Spencer Tracy est absolument remarquable, même si le maquillage aurait gagné à être moins outrancier.


Ce maquillage n'a pourtant rien de choquant et ne constitue pas l'objet principal du film. On retrouve dans ce film le soufle mélodramatique d'Autant en Emporte le Vent, et même si la critique sociale n'est pas aussi développée qu'elle aurait pu, Fleming nous gratifie d'un beau portrait de la haute société britanique de la fin du XIXème siècle. Esthétiquement le film ne souffre absolument pas de l'absence de la couleur regréttée par certains, le noir et blanc est propre, propice à l'épouvante et à la suggestion et les décors superbes noyés dans la brume en ressorte magnifiés.

Les interprétation de la grande Ingrid Berman et de la jolie Lana Turner sont elles aussi à reconnaitre comme de véritables morceau de bravoure tant on sent leurs émotions à fleur de peau. On sent chez Fleming un désir de coller au plus près de l'esprit du roman plus que de la trame, il ne fait pas dans la fidélité aveugle, il adapte réellement plutôt que de retranscrire stupidement, et pour qui visionnera le film en profondeur, cette version est très différente de celle de Rouben Mamoulian, sur tous les points, même si le récit en est trait pour trait le même.



Oeuvre plus dramatique que fantastique, ce Dr Jekyll & Mr Hyde este à mon sens la plus grande adaptation du Roman de Stevenson, même si elle renie le côté expressionniste des deux précédentes et s'ancre dans une société plus lisse, plus sage peut-être...la peinture au vitriol n'en est que plus douloureuse. Chef-d'oeuvre inconstetable !


8 janv. 2009

Carmilla


Roman de Joseph Sheridan Le Fanu (1814-1873), Parut en 1871.
Edition le Livre de Poche, 123 pages.

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Dans un château de la lointaine Styrie, au début du XIXème siècle, vit une jeune fille solitaire et maladive.
Lorque surgit d'un attelage accidenté près du vieux pont gothique la silhouette ravissante de Carmilla, une nouvelle vie commence pour l'héroïne.
Une étrange maladie se répand dans la région, tandis qu'une inquiétante torpeur s'empare de celle qui bientôt ne peut plus résister à la séduction de Carmilla...Un amour inéfable grandit entre les deux créatures, la prédatrice et sa proie, associées à tout jamais "par la plus bizarre maladie qui eût affligé un être humain".

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Il est de ces romans qui dès la première lecture vous ensorcèlent, vous pénètrent et vous possèdent, dont les personnages vous séduisent et vous hantent...Carmilla est de ceux-là.
Il suffirait que je m'arrête là, et mon article me semblerai complet, j'ai bien peur qu'une suite ne consiste qu'en un catalogue d'éloges sur cette sublime oeuvre gothique qui préfigure avec plus d'un siècle d'avance les vampires romantiques et sensuels de l'oeuvre de Anne Rice.
Mais je ne peux décemment pas laisser un article comme ça...
Ce qui (m'a) séduit dans Carmilla, outre ce personnage central, c'est ce paradoxe trouble Attraction - répulsion que l'on retrouve à chaque page, en effet Carmilla, même en tant que séductrice n'en est pas moins vampire et donc bourreau et la relation homosexuelle latente entre les deux femmes n'en est que plus trouble.
Carmilla est le vampire romantique par excellence, elle est capable d'aimer et elle souffre de sa condition de vampire, mais une fois son but atteint, une fois sa victime, son amour vidé de son sang elle ne peut faire autrement que de se mettre en quête d'une nouvelle proie, d'un nouvel amant, qu'elle perdra pareillement sans en faire son deuil. Mais dire pour autant que cela ne la touche pas serait mentir, Carmilla est en deuil bien sûr, en deuil constant, le deuil d'elle-même. Vampire égocentrique, et pourtant pathétique et attirante, comme le sera Louis dans Entretien avec un Vampire, Carmilla se pleure et se plaint, et si il lui arrive d'exploser de fureur, c'est contre elle-même et ce qu'elle est.

Le premier film à mon sens à avoir exploité ce côté du vampire, à montrer la créature de la nuit non plus comme le sempiternel méchant suceur de sang à abattre mais comme le véritable personnage principal a été le petit bijou gothique de Roy Ward Baker produit par la Hammer en 1970 : Vampire Lovers

La belle Ingrid Pitt dans le rôle de Carmilla dans le très beau Vampire Lovers

Il faut ajouter au film un traitement de l'image et des décors gothiques parfait et une approche discrète de l'amour qui unit les deux femmes, loins des potacheries lesbiennes de nombreuses productions de l'époque...enfin, c'est normal me dirait vous, ce film est anglais ! ^_^.

Pour les véritables amoureux de littérature gothique, Carmilla est une oeuvre à lire si ce n'est déjà fait si possible au coin du feu en regardant la neige tomber, et pour ceux qui sont déjà tombé amoureux du personnage ou simplement familier du récit, Vampire Lovers en est la meilleur adaptation à ce jour et il ne sera peut-être pas égalé de sitôt !

4 janv. 2009

Dario Argento et le baroque assassin

Je ne ferai l'affront à personne ici de recopier bêtement la date et le lieu de naissance de ce grand monsieur du cinéma (né à Rome en 1940, fils de salvatore Argento et de Elda Luxardo ^_^) alors que vous serez capable de les trouver très facilement sur internet, mais il me paraît important en guise d'introduction d'éclairer un peu la filmographie de Dario Argento à ses débuts.

Le jeune Dario fait son entrée dans le milieu cinématographique par une petite porte qui se révèlera finalement être le portail d'une intéressante carrière ; il est d'abord embauché en tant que critique dans quelques quotidiens italiens et fait montre d'un grand talent d'écriture tout en exposant des opinions à contre courant et en dénonçant une censure trop présente à l'époque. prenant conscience de l'impact des écrits, il décide de devenir scénariste et cette expérience sera pour lui une veritable révélation. Si les premiers essais ne sont pas aussi virtuoses que ça (Une corde, un colt de Robert Hossein, ou La légion des damnés d'Umberto Lenzi) sa participation à l'écriture du monument inégalé Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone le propulse littéralement sur le devant de la scène.


1) La Quintessence du Giallo

Impossible lorsqu'on évoque le Giallo de ne pas évoquer en même temps le nom d'Argento et vice versa, lorsqu'on parle d'Argento, on ne peut occulter sa réussite dans le genre. Le Giallo (qui se traduit littéralement par "jaune") est à l'Italie ce que la Série Noire est à la France, mais il est malheureusement resté trop peu populaire dans nos contrées. L'un des réalisateurs les plus emblématiques à avoir transposé le Giallo au cinéma est sans conteste Mario Bava avec des titres aussi évocateurs que 6 femmes pour l'assassin ou La fille qui en savait trop, et Dario Argento se révèlera par la suite être son digne héritier (plus digne que le fiston Lamberto Bava). Argento se lance sur les traces de Bava en 1968 en mettant sur pied son premier giallo : L'Oiseau au plumage de cristal. Le film bénéficie d'un succès inattendu et, influencé par nombre de réalisteurs comme Sergio Leone, Mario bava, Frederico Felini, Michelangelo Antonioni et bien sûr Alfred Hitchcock, Argento se lance dans ce qui deviendra la fameuse Trilogie Animalière avec les deux films suivants, Le chat à neuf queues (1971) et Quatre mouches de velours gris (1972). Ces trois films ne sont pas sans évoquer les oeuvres du maître Bava, mais Argento se forge son propre style, très influencé par la peinture et la musique classique, ses films alternent prises de vues magnifiques et meurtres d'une violence exagérée et sont basés sur des scénarii bien souvent ironiques, où l'on retrouve son désir de mise en abîme, car tout dans ses films, comme au cinéma, n'est que mise en scène et décors, mensonges et ambigüité du jeux d'acteurs.


Après avoir délaissé le genre pour une tragicomédie sans intérêt véritable (Cinq jours de revolution), il revient à ses premières amours pour nous livrer son premier chef-d'oeuvre, pièce essentielle à son oeuvre : Profondo Rosso. Pour beaucoup, Profondo Rosso reste le giallo par excellence et surtout l'un des plus grands films de la carrière de Dario Argento avant que ne vienne planer l'ombre d'un chef-d'oeuvre encore plus grand. Profondo Rosso marque une étape dans la filmographie d'Argento, plus que jamais on sent l'influence de la peinture classique dans son travail et on notera de nombreuses références dont ma petite préférée ; deux personnages discutent dans la rue pendant la nuit et on peut voir en arrière plan, une situation qui reproduit exactement le Tableau Nighthawks d'Edward Hopper.


Du point de vue technique comme du point de vue scénaristique, Profondo Rosso est un véritable manège enchanté et cruel dont on ne ressort pas indemne.

En 1982, Argento revient avec un Giallo considéré par ses fans comme une tromperie, Tenebrae, qui pousse encore plus loin le côté artificiel. Argento dira plus tard considérer Tenebrae comme l'un de ses films les plus personnels, peut-être pour la raison sus-mentionnée. les films suivants ne tiendront plus réellement du Giallo, même si on en retrouve les éléments dans Opera (1987), dans le très très très décevant Trauma (1993), dans un nouveau et magistral Chef-d'oeuvre, Stendhal Syndrome (1996) et dans sa réactualisation de Profondo Rosso ; Le sang des innocents (2001). Ce dernier film se révèle d'ailleurs être un véritable giallo, mais malheureusement si les premières scènes sont innovantes et attrayantes, les similitudes avec Profondo Rosso et le manque d'ambition du tout n'en font pas une réussite excellente, un Argento correct du moins.


2) Le surnaturel ; l'insaisissable adjuvant.

S'il est un élément inévitable dans les films de Dario Argento, c'est évidemment le surnaturel. Même dans ses gialli on peut sentir une influence ésotérique, un goût prononcé de l'irrévélé qui plane sur les protagonistes (on peut penser par exemple à l'exploration de la vieille maison par Marco dans Profondo Rosso). La première incursion véritable d'Argento dans le fantastique fait date dans l'histoire du cinéma, puisqu'il s'agit du plus grand film de sa carrière, j'ai nommé Suspiria.



1977 a été de ce fait une grande année pour le réalisateur. Tandis que les cahiers du cinéma en étaient à le taxer de pornographie pour la complaisance avec laquelle étaient filmées les scènes de meurtres, une nouvelle génération de cinéphiles, accompagnée par celle, apparue vers 1958 qui admirait la Hammer porte Argento aux nues pour cette oeuvre flamboyante et poétique à l'esthétique très poussée. Le scénario est inspiré d'une histoire que la grand mère de Daria Nicolodi (la compagne d'Argento à l'époque) lui racontait. Le couple se met à l'écriture et il en ressort un superbe voyage initiatique, en effet pour la première fois, les personnages de l'histoire ne sont pas majeurs, il s'agit d'adolscentes qui évoluent dans un monde déjà cruel, celui de la danse. Baroque, Suspiria l'est sur tous les plans, et reste le film le plus emblématique de l'univers de Dario Argento.

Argento continue de fait sur sa lancée, Suspiria posait les bases de la légende des Trois Mères en nous montrant (ou plutôt en ne nous montrant pas) dans toute sa splendeur La Mater Suspiriorum et son domaine, La seconde mère à nous être présentée sera la belle et cruelle Mater Tenebrarum dans un film à la démesure du personnage ; Inferno (1981).

Inferno ne se regarde pas de manière passive, jamais le film ne s'ancre véritablement dans une trame narrative, il y est question de clés à trouver, qui mèneront jusqu'à la Mater Tenebrarum. Ce dédain pour la cohérence du récit, n'altère en rien les qualités du métrage qui reste une véritable réussite artistique et se hisse sans peine au niveau de Suspiria dans un délire gothique et coloré encore bien plus poussé ou des images oniriques de toute beauté le disputent à des meutres graphiquement très violents filmés avec maestria comme ce double meurtre perpétré dans un appartement alors qu'un tourne disque passe Nabucco de Verdi comme pour couvrir les cris. Argento avoura plus tard dans une interview qu'Inferno est probablement son film le plus pur et le plus sincère et que le réaliser l'a beaucoup fatigué ; c'est en effet l'impression que donne le film, on sent que le réalisateur y a mis une part importante de lui-même et peu en sont capables.

Argento, on le sait quittera un instant le surnaturel pour Tenebrae, giallo quelque peu délirant mais y reviendra très vite pour une petite perle que j'affectionne tout particulièrement ; Phenomena (1984)

Avec Phenomena, Argento revient à une thématique qu'il aime particulièrement, celle de l'enfance, comme dans Suspiria, nous suivons ici une jeune fille qui fait son entrée dans un penssionnat. Le surnaturel se fait plus discret mais encore très présent, ne serait-ce que dans l'ambiance et les éclairages irréels. Le surnaturel n'est plus ici un opposant comme il l'est dans Suspiria et Inferno, il n'est d'ailleurs plus personnalisé, point de Mater ici, mais une étonnante jeune fille, jouée par Jennifer Connelly qui peut parler aux insectes, joli non ? Pourtant, Phenomena sera considéré comme le début du déclin de la filmographie d'Argento, beaucoup lui trouve un caractère ridicule, Donald Pleasance lui même, qui joue dans le film le rôle d'un spécialiste des insectes, professeur bedonnant en fauteuil roulant et aidé par un chimpanzé, trouvera son rôle un brin grotesque en dépit de la poésie du scénario. Daria Nicolodi remplace Alida valli (Suspiria et Inferno) dans l'habituel rôle de la mégère complice du mal qui se trame et Argento signe une mise en scène millimétrée tout à son honneur.

Plus que jamais Argento baigne dans un ésotérisme discret et demande l'un de ses plus gros budgets pour une oeuvre qui lui tient très à coeur. Espérant un retour au baroque en grande pompe, tout le monde se met en branle pour permettre à Argento de réaliser Opera.

Opera ne sera malheureusement pas le succès escompté, à cause probablement d'un tournage mouvementé et d'un scénario maintes fois réécrit et aussi peut-être à l'absence de sa star, Vanessa Redgrave (aurait-elle senti le fiasco ?). Toujours est-il que le film n'en est pas pour autant un navet et on y retrouve comme toujours les influences qui ont construit le style d'Argento. Baroque, Opera l'est certainement et on y retrouve aussi le côté surnaturel discret de Phenomena, avec la présence et l'intervention des Corbeaux. Une belle réalisation qui ne convaincra malheureusement pas grand monde.

J'aurais tendance à dire qu'Opera est pourtant l'une des dernières réusistes baroques d'Argento puisque 1990 amorce le réel déclin avec des oeuvres aussi inintéressantes que Trauma, simili giallo matiné de thriller américain ou pire Card Player en 2004 totalement dénué d'intérêt. Les années 90 seront difficiles pour le réalisateurs jusqu'à maintenant on ne peut compter qu'un seul véritable coup d'éclat en 19 ans, un film qui heureusement rattrappe à lui seul le fiasco de ceux qui l'entourent ; Le Syndrome de Stendhal (1996) Après nous avoir exposé sa passion pour l'opéra, Argento nous emporte dans son monde pictural et y transpose la trame de ce thriller haletant et esthétiquement superbe. Le thème est traité avec maestria et les incursions du personnage principal (Asia Argento) dans les oeuvres qu'elle admire à s'en faire tourner la tête sont très bien rendues à l'écran. Pas réellement surnaturel, Stendhal Syndrome joue aussi sur le thème de la schysophrénie et du double, un chef-d'oeuvre de toute beauté.

Pas la peine de parler de son Fantôme de l'opéra, souvent qualifié de catastrophique et pourtant très attachant, qui surfe facilement avec le surnaturel. On notera néanmoins que Argento ne s'est jamais défait dans ses réalisations de sa passion pour les arts et de ses références littéraires.

En 2006, La Terza Madre achève les fans d'Argento qui s'attendent à un dernier volet de la trilogie des trois mères à la hauteurs des deux premiers. malheureusement, le film s'avère d'un mauvais goût terrible, et seule subsiste l'ironie...

3) Tout vient de l'enfance...

Comme je l'ai dit plus haut, l'enfance est une thématique très importante dans le cinéma d'Argento, elle est très souvent associée au surnaturel et des films comme Suspiria et Phenomena sont pour leur personnage principale de véritables voyages initiatiques. Dans Suspiria, Jessica Harper, lorsqu'elle arrive à l'école de danse n'est encore qu'une enfant, tout dans le film est là pour le rappeler, jusqu'aux poignées des portes placées à une hauteur conséquentes comme si l'héroïne était véritablement petite alors que ses 17 ans lui permettent de les atteindre sans encombre. Argento comparera cette image plus tard à la découverte de la chambre des parents par l'enfant, l'endroit lui est défendu et il doit se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre la poignée, il en est de même pour le repère de la Mater Suspiriorum. L'enfant est aussi présent physiquement que symboliquement, il est par exemple la cause du mal dans Phenomena, le Deus ex Machina ridicule dans Trauma, mais il est aussi celui qui ressurgit, souvent au mauvais moment, comme chez Anna Mani dans Stendhal Syndrome.

L'enfance peut aussi être le théâtre du trouble dont l'adulte ne se défera plus, comme pour le tueur dans Le sang des innocents, ou pour Eric dans Le fantôme de l'opéra. Argento établi une véritable toile freudienne à travers sa filmographie et place l'enfant en son centre, peut être comme juste avant Suspiria, l'arrivée de sa fille Asia avait placé un petit bout d'enfance au centre de sa vie.




2 janv. 2009

La Chûte de la Maison Usher



Réalise par Roger Corman en 1960.
Avec Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey.
Musique composée par Les Baxter.

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Philip Winthrop fait le voyage de Boston jusqu'au domaine Usher pour rejoindre sa fiancée et la demander en mariage. Il espère aussi l'éloigner ainsi de son frère possessif et de cette maison qui semble l'affaiblir tant. Mais Madeline ne peut quitter la terre de ses ancêtres et elle doit selon son frère s'éteindre avec lui pour mettre fin à la lignée Usher. Et la maison qui semble pensante entend bien servir de tombe à ses derniers occupants.

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Premier d'une série de huit films consacré à Edgar Allan Poe (dont l'un d'eux, The Haunted Palace est adapté de Lovecraft mais on dira rien), La Chûte de la Maison Usher bénéficie au casting de la présence de Vincent Price (qui reviendra fréquemment au cour du cycle Poe) et d'un scénario de Richard Matheson. La recette gagnante sera souvent reprise par la suite avec notamment La Tombe de Ligeia et Le masque de la Mort Rouge.

La première chose qui frappe le lecteur lorsqu'il découvre La chûte de la Maison Usher par Edgar Allan Poe, c'est cette mélancolie poussée à l'extrème, cette minutieuse description d'une maison qui acquiert le statut de personnage central du récit. L'insistante énumérations des éléments liés à la tristesse, à la fatalité, et l'accablement extrème de Roderick Usher achève de nous immerger dans ce monde matiné de gris, de rouge sombre, de noir, de bleu nuit auquel Poe sait si bien donner corps et ne l'a d'ailleurs jamais aussi bien fait que dans la chûte de la Maison Usher.
Ce que l'on peut dire en premier lieu sur le film de Corman, c'est qu'il a parfaitement su capter cette mélancolie poussée à l'extrème et la retranscrire à l'écran via des décors splendides, comme ce plan magnifique de la Maison Usher noyée dans la brume, à ses pieds un immense lac noir à la surface lisse comme un miroir, entourée d'arbres mort dans un silence dérangeant.




L'un des principaux atouts de cette adaptation outre ses décors et son esthétique pointilleuse si fidèle à l'esprit de Poe, est l'acteur Vincent Price qui interprète ici à mon sens l'un des plus grand rôle de sa carrière ; Roderick Usher, personnage malade et affaiblit, hyper sensible et pourtant clairvoyant sur sa condition. Si Usher est possédé par sa demeurre, Price est littéralement possédé par son rôle et livre une interprétation sans faille de ce personnage de dément pathétique.

On ne pourra pas reprocher à Matheson d'avoir quelque peu romancé l'historie originale en y ajoutant cette histoire d'amour entre Patrick et Madeline (à l'origine Patrick vient voir son ami d'enfance, Roderick et Madeline a déjà un pied dans la tombe au début du récit) puisque celle ci permet un beau numéro d'acteur et quelques séquences fort réussies comme lorsque la maison mécontente fait s'éffondrer un lustre dans le hall à l'endroit même ou Patrick se trouvait quelques secondes auparavant. Cette romance permet aussi de renforcer le rapport étroit entre l'amour et la mort qu'on retrouve fréquemment dans les écrits de Poe et qui est au centre de ce cycle puisqu'on le retrouve dans The Pit and The Pendulum et The Tomb of Ligeia entre autres.

La musique de Les Baxter souligne admirablement les "sautes d'humeur" de cette maison, ce qui renforce l'idée que tout le récit tourne autour de cet étrange personnage dont s'inspireront certainement nombre d'auteurs et de réalisateurs plus récents, comme Matheson lui-même avec La maison des damnés, Shirley Jackson avec The Haunting of Hill House et Stephen King avec Rose Red.


Flamboyante réussite gothique qui trouve son apogée dans la fameuse chûte du titre, qui représente à la fois la fin de la dinastie Usher et l'effondrement de ces hautes murailles qui se replient sur sur leurs occupants pour leur servir de tombeau, Malgré quelques détours, The Fall of the House of Usher se trouve être étonnament proche de son homonyme littéraire et reste aujourd'hui la meilleure adaptation cinématographique du roman et même de toute l'oeuvre d'Edgar Allan Poe.