30 juin 2010

Dracula The Undead

Roman de Dacre Stoker et Ian Holt

En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l'un d'eux à laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d'amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n'a pas apaisé leurs tourments.
Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d'une effroyable cruauté au coeur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier Latin à Piccadilly, l'ombre de Dracula semble à nouveau planer... Les héros d'autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises et d'une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons.


Cette suite "officielle" tant attendue du superbe roman de Bram Stoker se déroule 25 ans après les évènements relatés par ce dernier et qui selon les auteurs ont eu lieu en 1888 (on tentera de ne pas rire). Les intentions de Dacre Stoker et de Ian Holt sont louables et on ne peut nier la hardiesse du geste, puisque le roman à pour but la réappropriation du personnage de Dracula par le nom qui l'a fait naître : Stoker. Avançant comme ligne directrice une fidélité inédite à l'oeuvre de Bram Stoker, les créateurs de cette séquel se sont pourtant, j'en ai peur, perdus dans la masse des informations récoltées sur le personnage, que ce soit au niveau historique, littéraire ou cinématographique.
La quatrième de couverture parle des "héros d'autrefois", et cet "autrefois" est à souligner trois fois, puisqu'il serai plus judicieux de parler de ce qu'il reste de ces héros, tombés en déchéance. Après une lettre presque inopportune de Mina adressée à son fils qui résume tant bien que mal en quelques pages l'aventures que Stoker a mis 580 pages à relater en guise d'ouverture, on retrouve les noms connus du roman, Seward, Harker etc, qui 25 ans après avoir affronté Dracula, sont devenus, pour le premier, morphinomane au dernier degré et obsédé par la traque du mal qui rode dans l'ombre, pour le second, un alcoolique antipathique et con, qui a toujours en travers de la gorge l'idylle entre sa fiancée et le monstre. Une idée intéressante que de désolidariser les protagonistes qui en sont réduits à l'état d'épaves, ce qui est le cas pour toute la bande, sauf pour Mina, qui, il faut bien l'avouer ne fait que rêver à Dracula, entre désir et culpabilité.
Parmi les nouvelles têtes, on trouve bien évidemment le jeune Quincey Harker, évoqué brièvement dans la note finale du roman d'origine, qui a bien grandi et qui a pour ambition dans la vie outre de contredire son père à tort et à travers, de devenir acteur... Autant le dire tout de suite, Quincey a l'épaisseur psychologique d'une feuille cançon et il est pourtant tout l'enjeu du roman, lui qui représente la jeune génération. Grande idée qui est celle de situer les premiers évènements à 1888 n'est-ce pas ? Cela permet de lier Dracula à Jack l'éventreur et de faire intervenir un personnage présent dans les notes originales de Stoker mais évincé du roman : l'inspecteur Cotford, qui a, 25 ans auparavant assisté Abberline dans son enquête au coeur des ténèbres de Whitechapel et ne s'est toujours pas remis de l'échec, un gros baton dans les roues de Mina et compagnie... Oh et puis, n'oublions pas que la pire menace qui plane sur nos protagonistes n'est pas Dracula, mais en fait la comtesse Elizabeth Bathory, vampire et psychotique de son état qui joue avec tout ce beau monde comme avec un gigantesque échiquier.
Je pense avoir posé les bases essentielles et avoir mis en exergue quelques unes des plus importantes des grosses ficelles tirées par le duo qui promettait pourtant des merveilles. Tout d'abord notons que le roman s'émancipe du style épistolaire de son modèle, et s'émancipe d'ailleurs de toute notion de style : en français comme dans le texte, cet Immortel est écrit avec une platitude effarante ! On pourra aussi remarquer que les premiers chapitres ne sont aucunement crédibles, bourrés de références grossières éparpillées ça et là comme si de rien était... hélas, ces furoncles référenciels n'ornent pas seulement les premiers chapitres, mais se font heureusement plus discrets par la suite, mais pas pour autant plus fins, on croisera ainsi un sergent Lee, un agent Price ou un Dr Langella, et même le Titanic... quand je vous parlais de la masse d'information dans laquelle il est si facile de se perdre à force d'excès de zèle.
Dracula The Undead a au moins le mérite de se lire facilement malgré l'épaisseur du volume, et gagne en intérêt avec l'apparition dans l'intrigue de Bram Stoker himself qui (nous sommes en 1912 rappelons-le) tente de mettre en scène son Dracula au Lyceum de Londres, épaulé par Hamilton Dean. Encore une fois, c'est intéressant, mais ça n'est jamais très crédible, Stoker doit jongler avec son statut d'auteur du roman Dracula (un des intrépides lui a tout raconté, mais lequel ? Une sous-intrigue assomante et dont l'issue est complêtement bancale) et d'acteur des évènements. Le mérite de Ian Holt et Dacre Stoker est au moins d'avoir su rendre tout à fait clair ce méli-mélo narratif, qui n'en demeure pas moins insatisfaisant. Tout espoir que donne Dracula the Undead en terme de qualité, il l'anéanti presque aussitôt avec de navrantes révélations, des retournements abracadabrants de situations, et tout est perdu lorsque Dracula fait véritablement son apparition. Certes, le noble guerriers est plutôt bien dépeint, mais jamais au grand jamais, on ira croire qu'il a changé Lucy en vampire pour la sauver des erreurs de transfusion de van helsing qui la conduiraient à une mort certaine. Tout comme on ne croira jamais à cette image d'un Van Helsing, l'instant d'avant sénil, l'instant d'après, le regard rougeoyant, clamant "rejoignez-nous dans les ténèbres !". Je dirai à mon grand désespoir que le mieux est encore d'en rire.
Je reste, comme chacun le sait un grand amoureux de Dracula et j'apprécie le travail fourni par Ian Holt sur le sujet, mais je ne peux cacher ma déception qui est à la hauteur de l'admiration que j'ai pour le personnage créé par Stoker et la fièvre qu'il a engendré dans la littérature comme au cinéma. Au mieux, ce Dracula The Undead, dans lequel le personnage de Dracula n'est qu'un joli concept, pourra être qualifié de sympathique divertissement, un bien misérable qualificatif pour une suite qui avait pour but de témoigner au Dracula de Bram Stoker tout le respect qui lui était dû et qui a mis 110 a venir !

28 juin 2010

Dorian Gray (1970)

Réalisé par Massimo Dallamano en 1970.
Avec : Helmut Berger, Richard Todd, Herbert Lom, Marie Liljedahl, Margaret Lee, Maria Rohm...
Produit par Harry Alan Towers.
D'après Le Portrait de Dorian Gray par Oscar Wilde.

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Lorsque le jeune Dorian Gray rencontre Henry Wotton chez leur ami commun, le peintre Basil Halward, l'homme déjà agé lui fait prendre conscience du caractère éphémère de sa jeunesse... la façon de voir les choses d'Henry devient la philosophie de vie de Dorian, sur lequel le temps ne semble pas avoir d'emprise...
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Bien moins connue que la splendide version d'Albert Lewin (The Picture of Dorian Gray,1945, avec Hurd Hatfield, Georges Sanders et Angela Lansbury), cette adaptation modernisée du roman d'Oscar Wilde n'a rien à lui envier. Massimo Dallamano a su prouver tout au long de sa courte carrière de cinéaste à quel point il était habile avec l'image (voire Mais qu'avez vous fait à Solange, ou Emilie), mais c'est certainement ce film qui en est la plus grande preuve.
Production Harry Alan Towers de premier ordre, Dorian Gray réunit un casting parfait, empruntant à Visconti l'acteur Helmut Berger dont le magnétisme et la finesse des traits sert à merveille le rôle titre. Herbert Lom (Le Fantôme de l'Opéra, 1961, Les Nuits de Dracula, 1970, Les Dix Petits Nègres, 1974), égal à lui-même, livre un parfait Henry Wotton, on pourrait même aller jusqu'à dire que la prestation de l'acteur Britanique est la plus intéressante du film. Marie Liljedahl (que l'on a pu voir aussi dans Les Inassouvies, un film très soft inspiré des écrits de Sade et lui aussi produit par Harry Alan Towers) n'est ici que de passage dans le rôle naïf de Sybil Vane, mais l'émotion qui émane de son personnage hisse sans peine l'actrice dans ce trio de tête.
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Connu sous de nombreux titres, Dorian Gray, malgré le fait que l'intrigue ne se situe plus au XIXème siècle, mais à l'aube des années 70 (avec tout ce que cela implique sur le plan vestimentaire, artistique et sexuel), reste très fidèle au roman de Wilde, à la trame comme à l'esprit et dénote une esthétique très intéressante. Sulfureux et subversif, le film exploite le physique avantageux de son interprète principal en mettant l'accent sur les débauches auxquelles il s'adonne et qui conduisent son portrait (son âme) à lui renvoyer une image monstrueuse. Le portrait lui-même est au départ plutôt quelconque, Halward semble d'ailleurs être un peintre plutôt médiocre, et n'apparait que peu souvent dans le film, mais les rares scènes qui voient apparaitre des changements sur la toiles sont très évocatrices de la malédiction qui touche Dorian Gray, et la vision finale du portrait et de son sujet réunis est glaçante !
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Joyaux secret du cinéma italien, Dorian Gray (Il dio Chiamato Dorian, The Secret of Dorian Gray...) est une oeuvre délicieusement décadente (comme sa superbe affiche), qui souffre évidemment de quelques faiblesses, mais qui a pour atout de savoir mettre en avant le caractère éternel du Portrait de Dorian Gray et de son propos si scandaleux.

21 juin 2010

Carnosaur

Roman de John Brosnan (sous le pseudonyme de Harry Adam Knight)


Il ne se passe jamais rien à Warchester, c'est du moins ce que pense David Pascal, jeune journaliste au Warchester Times. Il semblerait pourtant que cette année fasse exception : Une série de meurtres atroces sont commis dans le petit comté britanique et tout le monde soupçonne bien vite un animal échappé du zoo privé de Lord Penward, un riche excentrique fasciné par les grands fauves. Peu convaincu par toutes les explications données à la presse et intrigué par une foule de détails inexpliqués, David mène l'enquête et pour se rapprocher du zoo, s'embarque dans une liaison avec Lady Jane Penward, l'insatisfaite et malheureuse femme de Lord Penward. Evidemment, David a à l'esprit une autre femme que Jane, mais cela elle ne doit jamais le savoir, sinon David va apprendre à ses dépend que bien plus que le plus grand des prédateurs ayant foulé ce sol, la vengeance d'une femme trahie peut-être dévastatrice.
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Lorsque l'on évoque Carnosaur, c'est plus souvent le film qu'il a vaguement inspiré qui vient à l'esprit plutôt que l'oeuvre originale. Carnosaur, avant d'être un film réalisé en 1993 par Adam Simon et produit par Roger Corman, est un roman, écrit par l'auteur australien John Brosnan et publié en 1984 (soit 5 ans avant le Jurassic Park de Michael Crichton). On pourrait dire de Carnosaur qu'il est à la littérature ce que la série B est au cinéma sans que cela ne soit péjoratif, puisque cette série B littéraire s'avère être une curieuse découverte, extrèmement divertissante, voire même passionnante, mêlant intrigues policières, histoires de cul, manoirs gothiques et dinosaures.
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John Brosnan mélange les genres, dans cette étrange histoires de dinosaures clonés, ce sont le plus souvent les histoires de fesses qui prennent le pas et les héros de l'intrigue sont pour la plupart assez détestables et animés de basses préoccupations, cependant, voila que traversant des évènements terribles, les protagonistes nous apparaissent de plus en plus attachants, avec leur hypocrisie exacerbée, leur cynisme vomitif, bref, David Pascal n'est pas le gendre idéal, il n'est qu'un être humain. Le personnage le plus sympathique du roman est sans conteste Lady Jane Penward, épouse nymphomane, alcoolique et insatisfaite d'un grand malade adepte du sado-masochisme qui a pour dernière lubie de rendre aux dinosaures leur royaume perdu. Figure pathétique du roman, Jane se laisse avoir par David, pensant qu'auprès d'un jeune homme de 20 ans son cadet elle trouvera consolation, instable elle est sans doute une psychotique marginale, comme le pense David après quelques nuits passées avec elle, ce qui se confirmera par la suite, avec l'arrivée de Jennie, l'ex-petite amie de David encore bien présente dans sa vie.
Et les dinosaures dans tout ça ? Vous aurez compris qu'ils ne sont pas le principal intérêt de cette étude sociologique délirante, à la fois malsaine et jubilatoire, mais force est de constater que Brosnan fait preuve d'une originalité inattendue en incluant dans son roman différentes espèces alors assez peu populaires, telles le Tarbosaurus (cousin asiatique du Tyrannosaure), le Dilophosaurus (élégant théropode qu'on croise plus tard dans Jurassic Park), l'Altispinax (17 ans avant le Spinosaurus de Jurassic Park 3) ou encore le Deynonichus (popularisé par les Raptor quelques 9 ans plus tard). Ces animaux sont amenés de façon étonnamment crédible, si les rapports entre les personnages prètent souvent à sourire pour peu que l'on ne soit pas hermétique à l'humour noir, le discours sur le clonage de Lord Penward se tient, pour peu que l'on ne soit pas spécialiste du génie génétique. Cette joyeuse ménagerie va se retrouver bien sûr en libertée dans le petit comté de Warchester lors d'un final apocalyptique, point d'orgue du roman.
Carnosaur est donc un divertissement d'une grande qualité, une lecture inhabituelle qui permet de découvrir le style simple et fluide de John Brosnan et son imagination débordante, qui tient en haleine jusqu'au bout, faisant de sa courte durée de vie (220 pages) l'un de ses plus grands atouts.

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Puisque je l'ai évoque plus haut, j'ajoute queluqes mots sur le film de Adam Simon, Carnosaur, produit par Roger Corman en 1993.

Comparé à celui du roman, le résumé de ce film serait tout autre, je dirait simplement que du roman de Harry Adam Knight, le film ne retient ni les personnages, ni leurs motivations, ni les lieux, ni même les dinosaures...

Diane Ladd y tient le rôle du Dr Tiptree, qui sous couvert de travaux dans l'agro-alimentaire, ressuscite des dinosaures et met au point un virus, qui une fois inoculé, entraine le développement dans l'utérus des femmes d'embryons de dinosaures. Voila qui est tout aussi délirant sinon plus que la base du roman, et les autres personnages, qui ne sont pas des journalistes ici, mais un gardien de chantier et une jeune militante écologiste sont tout aussi cyniques.
Si on peut reprocher au film des effets spéciaux risibles et son bestiaire limité (un tyrannosaure et un deynonichus, pour ce que l'on peut en voire, qui sont l'oeuvre de John Carl Buechler) en raison d'un budget total restreint de 1 million de dollar (pour la comparaison, Jurassic Park a bénéficié de 63 millions) , et une trame plutôt bancale, il a pour lui l'interprétation douce-amère de Diane Ladd et sa fin extrèmement pessimiste. Certes, Carnosaur n'est pas une adaptation digne de ce nom et certainement pas un chef-d'oeuvre mais un film sombre, une production Corman franchement intéressante, plus en tout cas que les suites qu'elle a engendré et qui ne valent même pas la peine d'en parler.

16 juin 2010

The Black Cat


Réalisé par Lucio Fulci en 1981.
Avec : Mimsy Farmer, Patrick Magee, David Warbeck, Al Cliver...
D'après la nouvelle Le Chat Noir d'Edgar Allan Poe.
Musique composée par Pino Donaggio.

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La jeune photographe Jill Trevers arrive dans une petite bourgade en pleine campagne anglaise où elle fait la connaissance d'un vieux médium, Miles, qui n'a pour seule compagnie que les morts avec lesquels il communique et un chat noir bien étrange. Miles prétend que l'animal veut sa mort et qu'il parviendra tôt où tard à ses fins. Dans le même temps une série d'accident étranges décimes la population du village et l'inspecteur Gorley qui n'est aps insensible au charme de Jill est amené à enquêter sur une affaire des plus étranges...
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Il Gatto Nero se présente avant tout comme une rencontre au sommet entre 2 figures imposantes du fantastique : Edgar Poe et Lucio Fulci. Si le premier est beaucoup plus connu et reconnu que le second, Fulci n'en est pas moins un poète à part entière, peintre à sa façon de l'horreur à l'état brut, on est en droit d'attendre beaucoup de son appropriation de l'une des histoires les plus connues de Poe.
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Souvent considéré comme une réalisation moyenne du parrain du gore, en grande partie pour son absence de scène choc délirantes comme on en trouve dans L'Au Delà, Frayeurs ou House by The Cemetery, pour son manque de grandeur, comparé par exemple au sublime Beatrice Cenci, ou de construction à côté de réussites comme Sette Note in Nero, Il Gatto Nero est souvent rangé au côté des films de moindre importance de l'auteur, comme Manathan Baby, et pourtant, il comprend nombre de critères qui ont fait le succès des chefs-d'oeuvre de Fulci : une ambiance onirique, des décors gothiques magnifiés par une musique étrange (ici le score décalé et entêtant de Pino Donnaggio).
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C'est d'ailleurs ce qui nous touche au premier abord, cette musique, douce et bizarrement peu en phase avec le thème du film, une mélodie superbe au demeurant qui accompagne tout au long du générique les déambulation du chat noir sur les toits. Ce score est à l'image du film dans son intégralité, étrange, déphasé et confortable... trop pour être honnête.
C'est cette ambiance gothique qui rend la vision du film confortable, Fulci sait mettre en valeur ses décors pour servir au mieux le style de Poe, sans pour autant rester fidèle à l'histoire d'origine, puisque comme souvent, le film ne retient de la nouvelle que la fin, une fin qui évoque celle de Sette Note In Nero, qui était déjà très imprégné de l'univers de Poe, comme si Fulci avait cherché à retravailler cette idée, sans chercher à creuser plus profondément l'intrigue de son chat noir.
Le film est servit par l'interprétation de ses acteurs et particulièrement Patrick Magee et Mimsy Farmer, mais c'est surtout le chat porte le film sur ses fragiles épaules. L'animal est en effet mis en valeur de bout en bout du métrage, tout est fait pour que le spectateur n'ait aucun mal à croire que cette boule de poils noirs est une terrible menace, depuis ses immenses yeux jaunes fimés en plan rapprochés, jusqu'aux vues subjectives au raz du sol accompagnées de miaulements glaçants.
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C'est avec une ironie délicieuse que ces miaulements viendront clore le film, comme tout le monde s'en doute, et confirmer que Il Gatto Nero est bien une oeuvre digne d'un Lucio Fulci en grande forme, peut-être un peu assagi, mais qui colle parfaitement à sa thématique gothique, après un magnifique House by the Cemetery, ce Black Cat est le bienvenu.

7 juin 2010

Oscar Wilde et le Cadavre Souriant

Roman de Gyles Brandreth.

En 1883, Sarah Bernardt et Edmond La Grange dominent le théâtre mondial. Déterminé à faire fructifier sa renommée naissante après sa triomphale tournée américaine, le jeune Oscar Wilde se rapproche de ces deux monstres sacrés. Installé à Paris, il travaille avec La Grange à une nouvelle traduction d'Hamlet qui promet de faire des étincelles. Mais pour l'heure, elle fait surtout des victimes... La compagnie La Grange est frappée par une série de disparitions mystérieuses, et Oscar est bien décidé à en trouver le responsable. Entre jalousies artistiques, vices cachés et secrets de famille, le poète dandy découvre l'envers peu reluisant du décors flamboyant du Paris fin de siècle.

Une fois de plus, la plume de Gyles Brandreth nous emporte dans une enquête en plein coeur de l'univers d'Oscar Wilde. En 1883, le jeune Oscar Wilde, prétend au titre de professeur d'esthétique, revenant d'une tournée laborieuse mais triomphale en Amérique, c'est là qu'il fait la connaissance du mystérieux Eddie Garstrang et qu'il retrouve le vieil Edmond La Grange, acteur
et directeur du prestigieux Théâtre La Grange dont Maman, Liselotte La Grange, la mère d'Edmond ne cesse de vanter les mérites et les traditions ancestrales. C'est aussi dès son arrivée à paris qu'Oscar fait la connaissance de Robert Sherard, qui deviendra immédiatement son ami et par la suite son biographe et par la plume duquel Brandreth nous conte cette nouvelle histoire, il croisera aussi sa grande amie Sarah Bernardt, le peintre Jacques-Emile Blanche et son père, le fameux Docteur Blanche.
Encore une fois, tout est vrai... et tout est faux ! Oscar Wilde s'est bien trouvé en tous ces lieux à cette époque, son amitié pour Sarah Bernardt est bien connue, et pourtant, aussi riches et complexes soient les La Grange, leur fictivité n'a d'égal que le scandal qu'aurai causé cette histoire si elle avait été réelle... de toute façon, peut-on réellement se fier à des personnages qui prétendent faire la sieste sur la chaise longue qui a vu mourir Molière ?
Brandreth fait pourtant preuve d'une exactitude minutieuse dans ses description des soirées parisienne, on sent toujrous cette passion qui l'anime, cette aisance remarquable qui le caractérise lorsqu'il s'agit au fil des pages de faire revivre Oscar Wilde, dans cette péridoe d'insouciance où il songe déjà aux doux yeux de Constance Lloyd.
Une superbe préquel qui n'atteint certes pas la flamboyance du Jeu de la Mort, mais qui peut prétendre à la même qualité, suscite les mêmes émotions et nous imerge avec la même facilité, la même virtuosité dans cette fin de XIXème siècle décadente où les acteurs fréquentent ces jeunes hommes qui portent des feuilles de vigne dans leurs boucles blondes.

"A Londres, je fais du surplace;
à Paris, je pourrai avancer
à contre-courant..."

3 juin 2010

The Lost World 1992


Réalisé par Timothy Bond, en 1992.
Avec : John Rhys-Davies, David Warner, Tamara Gorski, Eric McCormack, Nathania Standford, Darren Peter Mercer...
Produit et scénarisé par Harry Alan Towers.
D'après le roman de Sir Arthur Conan Doyle.

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Le professeur Georges Edward Challenger revient d'Afrique où il clame avoir découvert le chemin vers une terre hors du temps où auraient survécu diverses espèces disparues. Une expédition se forme, à laquelle le professeur Summerlee prend part, espérant prouver que ce grand malade de Challenger prend ses rêves les plus fous pour la réalité, suivit d'Edward Malone, un reporter épaulé par le jeune Jim et Jenny Nielson, une photographe féministe et écologiste.
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Avec l'annonce de la sortie imminente du Jurassic Park de Steven Spielberg, Harry Alan Towers se dépêche de mettre en place l'adaptation du Monde Perdu de Sir Arthur Conan Doyle à laquelle il pense depuis un moment. Une adaptation qui a de quoi séduire puisque les interprètes de l'impossible duo, les meilleurs ennemis du monde scientifique, Challenger et Summerlee, ne sont autre que John Rhys-Davies (La Dernière Croisade, Le Seigneur des anneaux...) et David Warner (La Malédiction, La Compagnie des loups, C'était Demain...).

On peut d'hors et déjà noter le caractère très littéraire de cette adaptation, qui reste extrèmement fidèle au texte de Conan Doyle (même si le plateau se situe cette fois en Afrique, mais ceci pour raison économique sans doute) et bénéficie d'un scénario réfléchit même s'il est loin d'être parfait. On peut déceler, dans le choix de John Rhys-Davies une sorte d'hommage au Lost World de 1925, dans lequel Wallace Berry campait le terrible scientifique, la ressemblance est en effet frappante, et John Rhys-Davies en joue clairement en reprenant les mêmes attitudes. Le reste du casting s'en tire tout aussi bien à commencer par David Warner, en géologue condescendant, Eric McCormak en reporter très "cliché" et Tamara Gorski en intrépide photographe de guerre, féministe et écologiste, le jeune Darren Peter Mercer sait quant à lui parfaitement faire face aux poitures qui l'entourent.
Ce que l'on peut regretter, l'absence de Roxton mise à part (un chasseur aurait fait mauvais genre dans le décor), c'est l'absence de dinosaures, qu'on a du tout bonnement oublier d'inclure dans le script ! J'exagère, les dinosaures sont là, on croisera deux hadrosaures photogéniques, des ptérosaures vindicatifs, un carnivore non identifié au museau évoquant un bec d'oiseau et un tyrannosaure un peu trop timide. Seulement, ce bestiaire caoutchouteux est très peu présent à l'écran ce qui nuit parfois à l'action qui reste un peu trop linéaire. Heureusement que Percival, un bébé ptérosaure très attachant est là, même s'il semble ne constituer qu'un élément attractif pour le jeune public qui ne serait pas touché par des dialogues très bien écris.

Le Monde perdu s'achève avec le retour de nos explorateurs à Londres, apportant la preuve de l'existence du monde perdu... ou plutôt rapportant le pauvre Percival qui se retrouvera dans un zoo (heureusement, Jim, accompagné de Malone et Jenny l'en délivrera). Mais tous se sont jurés un jour de retourner au Monde Perdu.
Harry Alan Towers choisi donc d'étirer l'aventure, en produisant Return to the Lost World, obligeant les personnages de Conan Doyle à tenir leur promesse. Toujours remarquablement joué et remarquablement écrit, le film démarre fort, avec l'arrivée sur le plateau d'industriels mandatés par le gouvernement belge (bah oui, quand c'est pas Tintin au congo...) pour extraire le pétrol que recèle cette terre encore vierge. Cette introduction donne lieu au dinamitage cruel et révoltant d'une mère ankylosaure (qui disparait à la minute où elle venait enrichir la faune du film). Recevant l'appel au secour du peuple vivant sur le plateau, Malone et Jenny partent convaincre Challenger et Summerlee d'oublier à nouveau leurs querelles scientifiques et d'honorer le pacte qu'ils ont fait de retourner tous ensemble au monde perdu, pour le sauver !
Cette suite est beaucoup plus rythmée que le premier film, même si elle en reprend les principales caractéristiques ; tous nos personnages sont là, le petit percival (qui a trouvé le chemin du retour, ouf !) est remplacé par un bébé ankylosaure orphelin après la mort de sa mère. mais cette fois, plutôt que de devoir se défendre face à une nature hostile, c'est un ennemi plus dangereux qui attend tout ce petit monde : l'être humain et sa soif de conquête. Aucune évolution dans les effets spéciaux n'est visible et l'utilisation de la musique est toujours terriblement vieillotte (plaisons nous à croire que ça fait partie de l'hommage au film de 1925), mais le plaisir éprouvé à la vision de ce petit (j'hésite à dire "gentil") film est indéniable !