21 août 2009

Revenge in the House of Usher

Réalisé par Jess Franco en 1982.
Avec : Howard Vernon, Lina Romay, Antonio Mayans, Daniel White, Françoise Blanchard, Olivier Mathot...
Musique composée par Jess Franco et Daniel White.
D'après "La Chûte de la Maison Usher" d'Edgar Allan Poe.

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Allan Harker (ou pourra noter le retour fréquent de noms issus du roman Dracula dans la filmographie de Franco ; Harker, Renfield et surtout Seward) se rend au château de son ancien mentor, Roderick Usher. Ce Dernier veut confier un secret qui le pèse terriblement à son élève et ami. Harker ne sera pas au bout de ses peines lorsqu'il découvrira qui est vraiment Usher, quelle folie l'anime et quelle relation étrange il entretient avec son immense demeure.
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Etrange film que ce Revenge in the House of Usher. Exploitée sous différent titres, tels Névrose, La chûte de la maison Usher ou l'absurde Zombie 5, cette adaptation revue et corrigée par Jess Franco du classique d'Edgar Poe est un étrange patchwork qui vaut vraiment le coup d'oeil. On connait l'attachement de Franco pour le personnage qu'il à créé, à savoir le Docteur Orloff, qui est revenu fréquemment dans sa filmographie, depuis l'Horrible Dr Orloff jusqu'à la dernière apparition du personnage dans Les Prédateurs de la Nuit (avec Helmut Berger, Brigitte Lahaie, Telly Savalas, Caroline Munroe, Chris Mitchum, Florence Guérin...j'en passe et des pires). La Chûte de la maison Usher qui ne devait être à l'origine qu'une adaptation plus ou moins fidèle de la nouvelle éponyme devient finalement l'occasion pour Orloff de revenir sur le devant de la scène. Roderick Usher (interprété par l'extraordinaire Howard Vernon évidemment) est ici torturé par les esprits des femmes qu'il a tué pour rendre la vie à sa fille Melissa (tiens donc) et pour réduire l'écart entre Orloff et Usher, ce dernier est assisté par un pauvre bougre aveugle et défiguré; Morpho (ici joué par Olivier Mathot, l'acteur qui n'aurait pas été assez dynamique pour jouer Derrick).
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Howard Vernon incarnant Roderick Usher : l'homme de la maison.
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Névrose (ou Revenge in the house of Usher, ou la Chûte de la Maison Usher, appelez-le comme vous voulez), donne donc à Franco la possibilité d'un cross over improbable mais hautement intéressant, entre son univers d'épouvante surréaliste et l'univers gothique d'Edgar Poe, pour un résultat des plus singuliers. Si les décors rappellent un instant le bel effort fait pour Les Nuits de Dracula (1970), la trame a tôt fait de rappeler le tortueux Rites of Frankenstein, en effet, le film a subit, selon la volonté d'Eurociné, divers remontages et inserts lui donnant un charactère batard au final très appréciable.
La Maison Usher n'a ici rien à voir avec le manoir flamboyant (et flambant...hum) du film de Roger Corman, c'est une austère forteresse espagnole à l'allure géométrique assez déconcertante. L'intérieur est tout aussi austère, La Maison comme son occupant n'est plus qu'une carcasse branlante. Franco parvient à créer une atmosphère très réussie en donnant l'illusion du lien qui unit Usher à sa maison avec les craquements qui retentissent dans la toiture lorsqu'Usher se sent mal. La prestation d'Howard Vernon vaut le détour, l'acteur à la voix nasillarde cabotine, dans le rôle du vieux professeur à la raison chancelante qu'est Usher.
Là ou le bât blesse, c'est justement au niveau des inserts imposés par la production, certes l'idée de rapprocher Usher de Orloff est intéressante, ce n'est pas Franco qui le niera, mais une troisième sous intrigue pointe le bout de son nez et ne se dévoilera jamais vraiment laissant le spectateur dubitatif devant un pan d'ombre inutile présent dans le scénario qui n'en est que plus bancal : La présence d'Edmonda, apparemment défunte femme d'Usher, dont on ne saura jamais si elle est une hallucination, une revenante, un vampire ou une femme de chair et de sang cherchant à pousser un peu plus son cruel mari vers la folie...tout comme on ne saura jamais si les femmes attachées dans les cachots que découvre Harker sont réelles ou issues d'un cauchemar ou encore si Franco, en cour de route, a manifesté la volonté d'ajouter Barbe Bleue à l'affaire (pourquoi pas)...ni ce qui a poussé eurociné à insérer des scènes avec un personnage n'ayant presque aucune intéraction avec les autres en la personne de Mathias incarné par jean Tolzac.


Revenge in the House of Usher présente sinon une vraie adaptation de la nouvelle de Poe, une véritable synthèse du cinéma de Jess Franco et aurait en ce sens gagné à être étoffé, qui sait sur deux heures, n'en faisant peut-être pas une oeuvre plus cohérrente mais au moins plus aboutie. Il en reste un film très sympathique, tourné dans des décors intéressants et porté par une très bonne musique de Danièle White. Un Franco qui de l'oeuvre dont il est adapté ne retient que la chûte (dans les deux sens du terme), très abordable, et à découvrir séance tenante pour qui aura apprécié au préalable L'Horrible Dr Orloff !

2 commentaires:

Clelie a dit…

Encore une belle découverte à faire pour moi, car je ne connais pas du tout ce film... D'ailleurs, je n'ai pas encore lu La Chute de la Maison Usher de Poe (que je vénère pourtant)... honte à moi !

J'ai commencé à visionner Peter Ibbetson d'Henry Hathaway... mon dieu, quelle merveille, même si le scénario du film s'éloigne beaucoup du roman de George du Maurier...

A très bientôt,

Amicalement,

Clelie

Gabriel a dit…

hello Clélie :)

Attention, tu pourrais avoir une sacré surprise en visionnant ce film ^^, qui de Poe ne retient pas grand chose, il s'agit là d'un pur Jess Franco...avec tout le côté nanardisant que cela impose ;) Mais je t'encourage à tenter l'expérience, j'aime moi-même beaucoup ce film.

Ah Peter Ibbetson, une merveille comme tu dis, et ce final sublime... (c'est pas pour rien qu'il a suplanté ma banière du fantôme de l'opéra ^^)

A très bientôt

Amicalement

Gabriel