12 août 2008

The Phantom of the Opera (1989)

Réalisé par Dwight. H. Little.
Avec Robert Englund, Jill Schoelen, Alex Hyde-White, Bill Nighy...

Musique composée par Misha Segal.

D'après le roman de Gaston Leroux.

*

New York, fin des années 80, la jeune cantatrice Christine Day se prépare à passer une audition à laquelle elle veut évidemment faire sensation, pour cela, elle charge meg, son impressario de lui trouver un morceau exceptionnel, fut-ce t-il inconnu du grand public. le morceau que meg a dégoté à la bibliothèque musical, coincé entre deux volumes est extrait d'un opéra inachevé composé à la fin du XIXème siècle par le mystérieux Erik Destler ; Dom Juan Triumphant.

Opéra de Londres, fin du XIXème siècle, la jeune Christine Daaé est visité par un étrange professeur qui ne dévoile jamais son visage et qui est prêt à tout pour lui faire obtenir le premier rôle sur scène...même au meurtre...

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Depuis l'adaptation de Rupert Julian avec Lon Chaney en 1925, les adapations du Fantôme de l'Opéra de Leroux ont fleuri sur les écrans à intervalle régulier d'environ 15-20 ans (1925, 1943, 1962, 1976...) mais dès les années 80 tout s'emballe et les adaptations toutes soit disant plus fidèles les unes que les autres se pressent au portillon. Cet engouement est certainement dû au succès de la comédie musicale D'Andrew Lloyd Webber, ce qui ne veut pas dire que les adaptations qui suivront seront de moindre qualité, puisque parmi les meilleures figurent celle de Tony Richardson, réalisée pour la télé en 1990 et justement celle qui nous intéresse, réalisé par Dwight H Little en 1989 et produite par une société baptisé 21th century film (qui paradoxalement ne verra jamais le 21ème siècle).


D'entrée de jeu, le film donne le ton ; c'est bien à du fantastique que nous aurons affaire là. beaucoup pourront crier au scandale, en invoquant l'absence totale de fantastique dans l'oeuvre originale. Et pourtant force est d'admettre que le roman baigne dans une atmosphère fort propice à ces sortes de choses et qu'il fallait bien qu'un jour un réalisateur s'intéresse à cet aspect du livre. le principe qui permet de relier la Christine de 1989 à celle de 1889 est peut-être un peu simpliste, voire un peu flou mais il fonctionne à merveille. De plus ce parti pris du fantastique permet de mettre plus en avant la thématique faustienne très présente dans le fantôme de l'opéra ; ici bien sûr comme souvent, et comme dans le roman, nous avons droit à la représentation sur scène de l'opéra de Gounod, mais aussi à une genèse totalement inédite du fantôme qui nous le montre pactisant avec le diable pour que le monde adule sa musique.


Ainsi, le démon lui dit que le monde l'aimera pour sa musique, mais UNIQUEMENT pour sa musique. C'est à partir de ce moment là que Erik Destler se retrouve défiguré et se condamne lui-même à vivre sous l'opéra de Londres. Robert Englund très à l'aise dans les rôles de composition (voire Freddy) offre ici un fantôme absolument étonnant, à la fois pathétique et cruel, un personnage tragique, magnifique qui éclipse facilement le fantôme rendu par un Michael Crawford par exemple (attention je ne dis pas que Crawford n'est pas excellent, c'est juste une autre façon de voir). Dans le rôle de Christine c'est Jill Schoelen qui semble vraiment s'investir, et nous livre une Christine radieuse, sincère et attachante. Le reste du casting est tout aussi remarquable, notamment un Bill Nighy nerveux et cabotin qui forme un couple parfait avec une Carlotta grandiose, carricature de Diva légèrement anachronique mais dont les apparitions à l'écran sont toujours délicieuses.



Au niveau technique cette adaptation n'est pas à mettre au rebus car elle se démarque assurément de toutes les précédentes ; L'opéra de Londres n'est certes pas l'opéra Garnier, mais les tons rouges et chauds font merveilles et les décors des souterrains sont simplement démentiels. Le sens esthétique de la production fait ses preuves à chaques minutes, mais on retiendra surtout la scènes du cimetière sous la neige, ou la superbe scène de bal où le fantôme apparait sous le masque de la mort rouge. Idem pour les effets spéciaux ; le film n'est pas avare en scènes sanglantes et le travaille dont le maquillage a fait l'objet est honorable. Le fantôme dans le film ne porte pas à proprement parler de masque, il reconstitue son visage avec des morceaux de peau humaine - un travail de couture douloureux - si Lon Chaney était l'homme au mille visages, Robert Englund est ici l'homme au mille morceaux de visages. Ces scènes sanglantes assez présentes, qui sont l'oeuvres de Kevin Yagher, ne gâchent en rien la beauté du métrage dans lequel Amour, Musique, Folie, Mort, Eternité se retrouvent étroitement liée le temps d'un ballet macabre dont le final comme souvent se révèle tragique et injuste.




La musique, évidemment au centre du métrage n'est pas en reste ; le film est porté par la mélodie de Dom Juan Triumphant, composée par Misha Segal qui réussit un tour de force extraordinaire : donner vie à une musique hypothétique sans pour autant s'éloigner de l'esprit ni du roman de Leroux ni du métrage émouvants, poignant et surtout aux accents très modernes. Les paroles de ce Dom Juan Triumphant sont aussi simples que belles et collent à merveille à l'ambiance et à la légende du fantôme :
"Your eyes see but my Shadow,
My heart is overflowing..."

Rien que ces deux première lignes évoquent joliment la dualité parfaitement équilibré entre romance et macabre. Outre la musique de Segal, c'est l'opéra de Gounod, Faust qui tient une place importante dans le film puisque l'histoire de Faust et celle d'Erik sont en dialogue constant.

La fin du film de Dwight H Little réserve une drôle de surprise que je ne trahirai pas, mais j'ajouterai que si l'accroche du film est "Only love and music are forever..."(seul l'amour et la musique sont éternels), ce film, avec avec son transfert du 20ème jusqu'au 19ème siècle, donne au fantôme le caractère intemporel qui le rapproche encore plus du personnage de Faust et en fait une figure flamboyante du romantisme noir : Phantom of the Opera is forever !


3 commentaires:

Clelie a dit…

Hello Gabriel !

Très beau site, vraiment et des articles très riches ! Et je ne puis que te complimenter sur ta bannière (celle du dessous) qui appartient à une film que j'affectionne particulièrement...

A bientôt et bonne continuation avec ton blog.

Je me permets de mettre un lien vers ton site sur mon blog, si ça ne te dérange pas.
Histoire de te rassurer, je suis revenue au design d'origine, ça avait l'air de perturber pas mal de lecteurs, y compris toi qui a frôlé la crise cardiaque, si j'ai cru bien comprendre... ^_^
Mais que veux-tu, j'étais dans ma phase "scones et tea-time" : l'aspect vieille tapisserie s'imposait...

Amicalement,

Clelie

Clelie a dit…

Eh oui, c'est encore Clelie... ^_^

J'ai finalement vu ce film de 1989! Je ne suis pas une adepte du genre, mais plutôt une adepte du Fantôme de l'opéra sous toutes ses formes (ou presque...) Malgré ta brillante critique, j'avais terriblement peur d'être déçue, vu le contexte. A mon grand étonnement, j'ai été très emballée par ce film, qui est toujours juste, jamais excessif, et qui est doté de brillantes interprétations, ce qui est son atout majeur. J'ai été agréablement surprise par Robert Englund, véritablement terrifiant en fantôme fou, damné et meurtrier. N'oublions pas Jill Schoellen, parfaite dans le role de cette Christine gothique !

Bon, je passe sous silence les détails sanguinolants dont je me serais volontiers passé, mais j'ai vraiment été charmée par ce film, étonnant et inoubliable.

La BO est également un énorme atout de cette version ! Une BO enchanteresse, envoûtante !

A bientôt,

Clelie.

Gabriel a dit…

C'est toujours un grand plaisir de te lire Clélie ! ^^

Je suis très content que tu ai aimé cette version de Phantom of the Opera qui est très différente des autres mais qui tire aussi facilement larmes et frissons. Elle figure en tout cas parmi mes préférées.

A bientôt

Gabriel