5 juil. 2011

Sang Royal

Bande dessinée publiée chez Glénat (2 tomes).
Scénario d'Alejandro Jodorowsky.
dessin de Dongzi Liu.

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Blessé, trahi et laissé pour mort, le roi Alvar jure de reprendre son trône et ses droits. Le coeur écrasé par une haine sauvage, il sème la folie et la terreur autour de lui, noyant son désir de vengeance dans une tempête de sang et de larmes.
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Sang Royal est la nouvelle fresque épique imaginée par Alejandro Jodorowsky. S'il fallait définir cette oeuvre aussi brève que majestueuse, on pourrait la qualifier de drame shakespearien malade, l'évocation en un éclair de ce qui aurait pu être une mythologie fascinante, une tragédie sanglante en deux actes trop chargés, une développement débridé, trop rapide, en bref, Sang Royal est une oeuvre baroque !

Dès les premières planches, le ton est donné, le sang coule à flot, les personnages, dont les caractères se résument à quelques vices, sont tous plus vils et plus malsains les uns que les autres. Si Alvar s'attire au départ notre sympathie, les excès qu'il met en oeuvre pour récupérer un royaume et une femme que lui a dérobé son frère nous sont vite insupportables. mais le scénario de sang Royal ne s'arrête pas à cette simple reconquête du pouvoir et s'en va explorer des thèmes chers à Jodorowsky, mais qui furent beaucoup mieux traités dans Borgia, sa précédente pépite.

Ainsi la destinée d'Alvar va le conduire vers un incestueux second mariage qui suscitera la jalousie de sa première et perfide épouse Violena. Chacun à son tour déchaine sa rage sur son prochain avec une cruauté et une complaisance sans borne, si l'amour tente parfois de s'extirper de cet entrelas tripier, il est aussitôt noyé dans un balais de chair et de sang.


Mais si Sang Royal ne brille pas par un scénario prétexte, qui entasse sur deux tomes les lieux communs de la tragédie classiques, aspergés d'hémoglobine, semance etc. La BD est remarquable de par le trait, d'une élégance rare de l'artiste chinois Dongzi Liu. Chaque planche est un régal visuel, qui associé à des dialogues extrèmement bien écrits (même si parfois trop littéraires) nous fait oublier qu'il ne s'agit là que d'une fable éclair aux excès violents parfois insoutenable.

Au final, Sang Royal laisse au lecteur le souvenir d'une trame majestueuse mais bancale, de personnages magnifiques mais répugnants, d'une histoire fourre-tout mais étrangement attirante dont l'indigence est palliée par des qualités graphiques indéniables. Une oeuvre en constant déséquilibre, non dépourvue de qualités donc, mais à laquelle on préfèrera nettement Borgia.