19 juil. 2009

Harry Potter and the Half Blood Prince

Réalisé en 2008 par David Yates
Avec Daniel Radcliff, Emma Watson, Rupert Grint, Maggie Smith, Michael Gambon, Allan Rickman, Tom Felton, Helena Bonham Carter...
D'après le roman de J.K. Rowling.
Musique composée par Nicholas Hooper.

*
***
*
Alors qu'un nouvel été à Little Winging se termine, Dumbledore vient chercher Harry pour une mission particulière : convaincre Horace Slughorn de revenir à Poudlard. L'ancien professeur aurait en effet été très proche du jeune Tom Jedusor et Dumbledore compte sur Harry pour s'en rapprocher et en savoir plus sur une forme de magie très rare et perilleuse...Parallèlement un livre de potion ayant appartenu au "Prince de Sang mêlé" tombe entre les mains de Harry. A Poudlard, loin des intrigues amoureuses, un terrifiant complot se trame.
***
Nous retrouvons pour la 6ème fois sur grand écran notre trio si attachant et son univers captivant. Comme pour L'Ordre du Phénix, c'est David Yates qui prend place derrière la caméra pour adapter en une durée totale de 2H32 l'avant dernier tome de la saga Harry Potter initié il ya déjà presque 12 ans par J.K. Rowling, saga qui a fait ses premiers pas au cinéma en 2001 avec le film de Chris Columbus et n'a cessé de faire ses preuves depuis.


Si le 6ème roman de Rowling est l'un des plus complexes, l'adaptation n'en patît aucunement, mais je vais essayer de comparer le moins possible le film au livre (et de ne pas dévoiler les ressorts de l'intrigue), des écris à l'écran, la route est longue. Mais force est de constater que pour le spectateur passif, et de surcroit fan du monde de Harry Potter s'attendant à un "fan service" irréprochable se trouvera gâté !
Dans une courte introduction, sorte de flashback du 5ème opus, Yates donne le ton, qu'il avait déjà esquissé avec l'ordre du phénix, et lorsque le titre apparait sur fond de ciel orageux (réminiscence du premier film ?) le doute n'est plus permis, l'oeuvre sera sombre.
Sombre ce nouvel épisode l'est bien plus que tous les préscédents réunis, tous les films depuis le 3ème (Le Prisonnier d'Azkaban, réalisé par Alfonso Cuaron) traine une aura sombre, à chaque fois décrite dans la presse comme inédite, et parfois un peu injustifiée, mais cette fois ci, nous sommes bel et bien, et enfin en face du véritable diamant noir de la saga.
Même si comme le souligne Slughorn "Nous vivons des temps de folie", cela n'empêche pas la libido de nos jeunes sorciers de se réveiller à temps. En effet, nos étudiants de Poudlard, même confronté à la menace du plus grand mage noir de tous les temps n'en restent pas moins humains, et l'amour n'est-il pas la force qui mérite toute les batailles ? Cela David Yates l'a très bien compris, Mike Newell avait déjà fait remarquablement progresser la série à ce niveau, Yates la fait enfin décoller et nous dévoile avec pudeur et tendresse les émois peines de coeur si bien décrits dans le roman.


On sera reconnaissant à Yates d'avoir enfin donné libre cour à la loufoquerie jusqu'ici trop discrète d'un Albus Dumbledore décomplexé qui ne s'étonne plus de découvrir une pièce pleine de pots de chambre dans un château qu'il est censé connaitre par coeur (CF l'évocation de la salle sur demande dans La Coupe de Feu) et profite d'une pause pipi pour regarder les modèles de tricot dans les magasines féminins. Cette fidélité des personnages est tout à fait jubilatoire pour les habitués du monde de Harry.
Profitant de l'intrigue complexe dans laquel plus rien n'est ni blanc ni noir, Yates fait évoluer ses personnages dans des nuances de gris qui font ressortir les méandres de leur personnalité, leurs doutes, leurs angoisses, qui jusque là semblaient quelque peu secondaires. C'est principalement ce qui fait qu'au niveau humain, Harry Potter et le Prince de Sang mêlé, est sans conteste le plus abouti et le plus bouleversant.
Esthétiquement, le film est un sans faute comme il fallait s'y attendre, les intérieurs tendus d'étoffes et d'ombres et les extérieurs de Poudlard sont toujours aussi beaux, et les lieux de l'intrigue (la grotte avec les inferis) sont pétrifiants de réalisme. Le score musical de Nicholas Hooper est lui aussi splendide, même s'il n'atteint pas la divine mélancolie de celui de Patrick Doyle pour La Coupe de Feu. La photographie est pour beaucoup dans l'aspect plastique magnifique de ce film, ainsi qu'une foule de petits détails dans les effets visuels qui participent à nous faire retrouver toute la magie de cet univers.


Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé est donc une majestueuse réussite, probablement le plus touchant et le plus aboutit de toute la saga, le plus sombre, le plus sanglant et le plus triste aussi. David Yates n'a pas à rougir devant ses prédécesseurs, et surtout pas devant Cuaron dont le film a été encensé par la critique quelque peu lassée du style old school de Columbus, car il signe avec ce film une source d'émotion indéniable, une adaptation fidèle et envoutante du roman le plus difficil de la saga ; Harry Potter 6 est une joie de tous les instants et un générateur lacrymal dont la batterie ne lâche pas deux heures et demie durant doublé d'un délice visuel. Depuis près de 9 ans que la franchise sévit sur nos écrans, nous venons seulement enfin, de voir son vrai visage et putain, ça fait du bien !

7 juil. 2009

Raspoutine le moine fou



Réalisé par Don Sharp en 1966.

Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Suzan Farmer, Richard Pasco, Francis Matthews...


*
***
*

1905, quelque part en Russie, le moine Raspoutine, qui se reposait dans un auberge réalise un miracle en guérissant la femme du tenancier. L'homme semble bon, mais son ambition va le conduire à St Petersbourg, à la court du Tzar Nicolas II et de la Tzarine Aleksandra. Parvenant à guérir leur enfant de son hémophilie, Raspoutine gagne la reconnaissance d'Aleksandra qui en fait son plus proche conseiller.
***

Au milieu des années 60, la Hammer connait une baisse de régime qui se traduit dans se sproduction par une photographie plus terne qu'à l'accoutumé, une économie des décors et des costumes ainsi qu'une certaine répétition au niveau des trames narratives des différentes productions. C'est à cette période qu'à vu le jour l'un des projets les plus conséquents du studio : Rasputin the Mad Monk. Scénarisée par Anthony Hinds (sous l'habituel pseudonyme de Jonh Elder) et mise en scène par Don Sharp, cette production Anthony Nelson Keys s'écarte pas mal des sentiers d'ordinaires battus par la Hammer en ne proposant pas une nouvelle adaptation d'un classique gothique, mais bel et bien une retranscription de faits historiques ; L'arrivée de Raspoutine à la cour Impériale de Russie, de débauches en meurtres jusqu'à son propre assassinat.


Don Sharp, réalisateur entre autre du superbe Kiss of the Vampire (1964), opte pour une mise en scène soignée, très théâtrale, mais d'une éfficacité qui ne déparera pas de tout le film. On retrouve bien sûr un casting Hammerien très alléchant puisque les deux têtes d'affiche ne sont autres que Christopher Lee et Barbara Shelley (qui formaient déjà le couple star de Dracula prince of darkness), une distribution de choix et une base passionnante peuvent facilement faire de Raspoutine un film mémorable pour la Hammer en quête de nouvelles inspirations.

Mais la déception se fait sentir, si le générique sur fond de rideau cramoisi fait illusion 5 minutes, et que l'enchantement revient le temps d'une trop courte séquence de bal, la réduction maximale des lieux de l'action et une quasi totale absence de faste au niveau des costumes sont très regrettables compte tenu du sujet. Si les acteurs s'en sortent à merveille, on ne peut pas en dire autant du scénario qui, même si on ne s'attendait pas à une retranscription totalement fidèle à l'histoire, est terriblement élyptique et semble de plus calqué en plusieurs points sur celui de Dracula prince des Ténèbres (sorti la même année) ce qui pour le coup modifie totalement les événements qui voient disparaître le moine fou.

Christopher Lee dira plus tard avoir trouvé en Raspoutine l'un de ses meilleurs rôles, son plus tragiques et son plus nuancé sans doute, tout comme Barbara Shelley magnifique et poignante Sonia. On peut dire en tout cas que Lee est absolument étonnant dans ce film tant la ressemblance au véritable Raspoutine est frappante.

Raspoutine malgré un sujet en or se révèle au final comme une réalisation terne et peu ambitieuse en comparaison d'autres films "mineurs" de la firme produits dans la même période et, à raison, bien plus estimés tels Dracula prince des ténèbres ou Frankenstein créa la femme. Il mérite cependant largement qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour saluer la tentative qui n'a finalement qu'en partié échouée; Rasputin the Mad Monk reste un divertissement de qualité.