19 oct. 2008

Man in the Attic

Réalisé par Hugo Fergonese

avec Jack Palance, Constance Smith, Byron Palmer...

D'après le roman de Marie Belloc Lowndes

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Londres, 1888, un étrange locataire s'installe dans une tranquille pension de famille. Son arrivée coïncide avec le début d'une série de meurtre de prostituées dans le quartier de Whitechapel. Sous ses airs calmes et introvertis, sombre mais toujours poli, le mystérieux Mr Slade ne serait-il pas en réalité celui que tout le monde surnome Jack l'Eventreur ?

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En 1953, le public connait déjà au moins 2 versions de l'histoire de Jack the ripper. La première est celle d'Alfred Hitchcock (qui reste malheureusement encore trop méconnue de nos jours) film muet intitulé The Lodger (le locataire) qui joue avec habileté sur l'identité du coupable, et sur sa culpabilité même, brouillant les pistes comme seul Hitchcock sait le faire. La seconde porte le même titre et fut réalisée par John Brahm en 1944. Cette version est nanti d'un budget confortable et d'un casting enviable (Merle Oberon et Georges Sanders en tête). La version de Fergonese débarque donc sur un territoire occupé par des grands noms du cinéma, Adaptant pour la troisième fois à l'écran le roman de Marie Belloc Lowndes.

Evidemment cette version est loin d'être la dernière, suivront la version "choc" scénarisée par Jimmy Sangster en 1958, la version de Jess Franco avec Klaus Kinski et Joséphine Chaplin en 1976, différentes aventures de Sherlock Holmes confrontant le détective au célèbre meurtrier, le téléfilm magistral avec Michael Caine en 1988 et évidemment le superbe From Hell en 2001...




Ce que l'on peut dire d'emblée de ce Man in the Attic, c'est qu'il n'a pas marqué les mémoires : situé chronologiquement entre deux versions considérées aujourd'hui comme lui étant facilement supérieures, il est resté inédit en France en DVD jusqu'à il y a peu et ne figurera jamais au top 100 des meilleures ventes, très injustement d'ailleurs.
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Le film s'ouvre sur de très jolis plan de whitechapel, visiblement tournés en Studio, baignant dans un fog épais, à la fois intimiste et menaçant, comme si le brouillard censurait une vérité indicible et macabre, à un stade ou pourtant aucun meurtre n'a encore été commis. La première scène ammène subtilement la tension, jouant sur le non dit et l'invisible, un cri dans la nuit, des hauts talons claquant sur le pavé, un réverbère, seuls témoins de la scène. Puis Jack Palance apparaît par la magie du montage, non pas sous les traits d'un tueur sanguinaire, face à sa proie, mais d'un homme souriant, dans l'encadrement d'une porte, un locataire potentiel pour une petite pension de famille, taciturne, secret, et absent chaque nuit...le suspect idéal.




Alors grande question, Mr Slade, le fameux locataire est-il Jack l'eventreur, ou n'est-il pas jack l'éventreur ? C'est là une des grandes forces du film : quand tout semble l'accuser, on en quand même tenter de croire à son innocence. C'est vrai, il est si facile d'accuser le nouvel arrivant, quasi inconnu, peu bavard, alors qu'il pourrait s'agir de n'importe qui, pourquoi pas le propriétaire de la pension qui à bien y regarder n'apparait pas blanc bleu... volontairement le réalisateur attire notre regard sur la population bourgeoise des coins chic de whitechapel, plus que sur celle des coins populaires. Après avoir semé le doute, avoir quasi innocenté son personnage central, le film l'accuse définitivement : Mr Slade a toujours détesté sa mère, car celle ci a dû se prostituer pour lui payer à manger...il aurait préféré mourir de faim plutôt que de vivre ce déshonneur. Ta da ! Etonnament on tombe de haut ! Le spectateur étant persuadé qu'il va assister à un retournement de situation prodigieux se retrouve pris au piège de sa propre réflexion ; la surprise vient en fait du dénouement le plus plausible dès le départ.


Le final du film laisse la question ouverte : vrai ou faux coupable ? Le saura-t-on un jour ? Reste que la prestation de jack Palance en impose sacrément et que l'atmosphère du film est très réussie. Man in The Attic, intelligent et intéressant est définitivement ce qu'il convient d'appeler un bon film.

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