23 avr. 2009

Beatrice...



Les Cenci

***
Déjà du pâle rideau de l’enfance
Ne reste que lambeaux
Le ciel teinté de rouge inonde
La ville de sang
Ou du vin qui jadis imprégna
Tes juges tristes
Le sort en est jeté et même
Dans ta transe
Tu cherches réconfort après
De ce soleil nouveau

***
La haine née de ta douleur
N’est plus qu’ombre
Et ce qui resplendit sur ton
Visage ternis
C’est la sérénité du devoir
Accompli
Tu penses entendre au loin
Chanter ton oraison
Mais la clameur du temps
Couvre celle des gens

***
A peine as-tu vécu que déjà
Le lourd rideau
Descend sur la scène et sur
Les hauts vitraux
Dans ta chute éperdue
Tu entraines les tiens
La beauté sacrifiée sur
L’autel de la justice
Quinze printemps qui voudraient
Te tenir la main
font un bien pâle hospice

***
Mais déjà du passé tu as
Tout oublié
Et tu sais qu’à jamais
Tu seras innocente
Car malgré ton jugement
Tous sont derrière toi
Cette procession de femmes
De vieillards et d’enfants
Qui le soir à peine venu
Iront fleurir ta tombe
Et ton seul visage ornant
Une seule esquisse
Te rendra immortelle
Beatrice !

4 commentaires:

orfeenix a dit…

Malgré des fouilles archéologiques je n' ai pas réussi à savoir si c'est le sujet d' un opéra ou un personnage historique...Très beau texte qui me rappelle myrto de Chénier, il est de toi? Bravo!

Gabriel a dit…

Beatrice Cenci est bien sûr un personnage historique, fille de Francesco Cenci...son histoire est réellement bouleversante ; immortalisée bien sûr par différents opéras, mais aussi au cinéma par Lucio Fulci en 1969 (Beatrice Cenci ; Lien d'amour lien de sang) et par Bertrand Tavernier en 1988 (La passion de Beatrice). Les oeuvres les plus connues autour de l'histoire des Cenci sont les chroniques italiennes traduites par Stendhal et l'ouvrage de Shelley, The Cenci...

Je ne connais que mal l'oeuvre de Chenier, mais la comparaison est très flatteuse, merci beaucoup ;).

orfeenix a dit…

Merci pour ces éclaircissements, j' ai eu la chance de voir le film la passion Béatrice,c'est en effet une histoire très forte d' inceste si je me souviens bien, qui ne peut pas laisser insensible, très bel article et j' affirme que tu as un réel talent.

Clelie a dit…

SUPERBE !
C'est le seul mot qui me vient à l'esprit en lisant ce poème si tragique et à la fois si sobre !
Bravo !