20 sept. 2008

Murder by Decree (1979)

Réalisé par Bob Clark.

Avec : Christopher Plummer, James Mason, Susan Clark, Frank Finley, Donald Sutherland.

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1888.Terrorisés, les habitants de Withechapel font appel à Sherlock Holmes pour résoudre l'énigme des meurtres de prostituées qui ensanglantent ce quartier de Londres et qui sont signés "Jack the Ripper". Le fin limier découvre bientôt le fin mot de l'affaire qui implique le Duc de Clarence (! la suite dévoile une part importante de l'intrigue !). Celui-ci s'est amouraché d'Annie Crook, une femme de chambre, dont il a eu un enfant. Témoins gênants de cette liaison, les prostituées ont été assassinées pour que le scandale ne s'ébruite pas.

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L'idée de confronter le grand détective imaginé par Sir Arthur Conan Doyle à Jack l'éventreur ne date pas d'hier, et en 1979, on connait déjà un bon exemple de cet affrontement mythique avec "A study in terror" de James Hill réalisé en 1966. Il est inutile je pense de présenter ces deux monstres sacrés, qui au cour du XXème siècle se sont imposés dans la littérature et au cinéma comme des références en matière de suspens. L'exercice peut donc sembler facile, le plus grand détective sur la piste du plus grand criminel...le fait est que si Holmes est un pur personnage de fiction, les crimes de notre cher jack sont bel et bien réels. Il ne s'agit pas de présenter à Holmes une galerie de personnages parmi lesquels se trouvent bien sûr le coupable, mais de composer avec l'attitude probable qu'ont eu les différents notables à l'époque. Le scénario de Murder By Decree est donc basé sur l'hypothèse bien connue du complot, qu'on retrouvera plus tard dans le très beau "From Hell" avec Johnny Depp.



Bob Clark s'entoure donc d'un casting de choix pour donner vie à un scenario palpitant et non dénué d'un certain humour (noir ?), dont James Mason qui campe un Watson délicieusement ironique et très attachant. Le choix de Christopher Plummer est assez surprenant pour le rôle de Sherlock Holmes, pourtant force est d'admettre que l'acteur parvient à s'emparer du personnage et à rendre, selon moi, la meilleure interprétation du célèbre détective. Le duo Mason/Plummer fonctionne à merveille et certaines scènes de conversation entre les deux hommes frôlent le génie, tant on croirait qu'il s'agit des personnages même de Conan Doyle sortit des pages pour prendre vie devant nos yeux !

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Les seconds rôles ne sont pas en reste puisqu'on retrouve entre autre ce cher Lestrade (souvent tourné en dérision par Holmes et Watson, notament lors d'une scène à l'opéra) interprété par un Frank Finley qui semble beaucoup s'amuser, et Donald Sutherland qui interprète un médium à la santée fragile.



Un soin tout particulier a été apporté à l'atmosphère ; tout au long du film on sent planer une menace sur Holmes et Watson qui semblent de plus en plus proches de la vérité, et on ne pourra que saluer l'équipe technique pour les décors et la photographie. Les rues de Londres sont noyées dans un fog du plus bel effet et les intérieurs lambrisés nous plongent dans l'Angleterre victorienne qui, dans les romans de Doyle est le Fief de Sherlock Holmes, et qui, en 1888 fut le théâtre des crimes affreux imputés au mystérieux Jack l'Eventreur.


Cette version semble nous dire que Sherlock Holmes, loin d'être un héros, comme dans beaucoup de films ou il triomphe facilement, n'est qu'un homme après tout, ainsi, comme le véritable Holmes, Plummer s'emporte, sa détermination peut parfois être affectée...Le Holmes profondément humain ne peut pas toujours vaincre comme il le faudrait. Si on peut ne pas noter l'évolution du personnage tout au long des deux heures de film, il est manifeste qu'à la fin, Christopher Plummer interprète un Holmes quelque peu désenchanté ; l'enquête qu'il a menée l'a poussé à s'opposer au forces qui régissent la société, à affronter la franc maçonnerie qui pourrait le briser pour le réduire au silence, personne ne sera finalement puni.


Ce film s'est imposé pour moi dès sa vision comme le meilleur mettant en scène le célèbre détective, et ce sur tous les plans. Bien sûr jamais je ne considèrerai comme mauvais d'autres films comme "Le chien des Baskerville" avec Peter Cushing à côté de celui là, puisque la plupart des Sherlock Holmes, qu'ils soient adaptés ou non des écrits de Conan Doyle sont souvent d'une grande qualité, mais nous n'avons que trop rarement l'occasion de voir un Sherlock Holmes aussi proche du personnage de son auteur et on pourra sourire du fait que cela arrive dans un film qui n'est justement pas adapté des aventures de Sherlock Holmes.


3 commentaires:

Clelie a dit…

La façon dont tu parles de ce film est tout à fait splendide... Et je réitère ce que je t'ai déjà dit : il faut absolument que je le voie !

Clelie a dit…

Hello Gabriel !

Ca y est, je l'ai finalement vu, ce film ! Cela fait quand même pratiquement deux ans que j'ai posté le premier message, j'ai honte ^_^
Je l'ai vu ce weekend et mon impression est donc toute fraîche encore.
J'ai tout d'abord été délicieusement convaincue par l'atmosphère pesante du film, les visions cauchemardesques de Whitechapel et des crimes de "Jack".
Christopher Plummer, acteur que j'adore, a très bien rendu justice à Holmes. Il est parfait : à la fois sérieux, strict, et parfois cabotin. Il a su imposer un sérieux à son personnage tout en lui donnant une profonde humanité. De même il peut être drôle et amusé sans tomber dans le ridicule.
Je l'ai trouvé juste de bout en bout (et on pardonnera l'accessoiriste et le réalisateur qui l'ont paré de son macfarlane et sa casquette de chasse pour une sortie à l'opéra... ^_^)
James Mason est également très touchant en Watson, digne, efficace et ami indéfectible. Je me remémore avec un sourire la scène du petit pois dans l'assiette, et l'air défait de James Mason quand Holmes lui ôte la fourchette des mains pour écraser cruellement ledit petit pois récalcitrant... Hilarant !

Reste une atmosphère généralement très noire et diabolique rendue à la perfection !

Gabriel a dit…

Hello Clélie !

Je savais que tu apprécierais ce film ! En effet, la scène du petit pois est une merveille, le pauvre Watson n'a jamais eu l'air plus touchant ! ^^ Le film lui-même mène très bien la tension dramatique à son paroxisme et j'aime particulièrement l'image finale, à laquelle fait écho From Hell.

A très bientôt :)


Gabriel