21 sept. 2008

Les Nuits de Dracula (1970)

Réalisé par Jess Franco
Avec : Christopher Lee, Klaus Kinski, Soledad Miranda, Herbert Lom, Maria Rohm...
Musique de Bruno Nicolaï
D'après le roman de Bram Stoker

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Jonathan Harker, jeune clerc de notaire britanique se rend en Transylvanie pour rencontrer le comte Dracula à qui il doit vendre une propriété à Budapest. très vite il se rend compte que son hôte le retient prisonnier et projette même de l'offrir à ses trois femmes vampires. Jonathan, sacrément perturbé parvient à s'échapper et se retrouve qques jours plus tard à l'asile des Dr Van Helsing et Seward, qui héberge déjà un cas similaire, Renfield.

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En 1970, La Hammer entamait une période déclin, et Christopher Lee endossait plus que jamais la cape du vampire pour le compte de la firme। L'acteur rechignait à reprendre le rôle pour la Hammer, trouvant qu'il était à chaque fois un peu plus ridicule, et ayant fait part à Franco de son désir de jouer dans une nouvelle adaptation fidèle du roman de Stoker, il accepta de bon gré le rôle que lui offrit Jess Franco, dans ce qui devait être l'adaptation la plus fidèle jamais réalisée alors. Sous ce couvert de fidélité maximum, Franco s'entoure d'un casting international, nous retrouvons bien sûr Christopher Lee (qui fait ça aussi un peu pour faire plaisir) et Klaus Kinski (habitué des films de Franco, comme "Les infortunes de la vertu" d'après Sade ou la très bonne version Franco de "jack l'éventreur"), la jeune et belle Soledad Miranda, muse et égérie du réalisateur, Maria Rohm (quand on a pas pu avoir Claudia Cardinale...oui je sais c'est mesquin ce que je dis là), et cerise sur le gâteau, le grand acteur Britanique Herbert Lom dans le rôle de Van Helsing. C'est le talentueux Bruno Nicolaï qui se charge de la musique du film, gage de qualité de cette dernière. Jusque là tout semble parfait, mais réaliser en 70, une adaptation aussi fidèle que possible du (génial) pavé de Stoker, avec un budget minimaliste et sur une durée totale d'environ une heure et demi n'est pas chose aisée...loin de là !
Dès le début du film, on peut voir que Franco a mis les petits plats dans les grands, les décors brumeux, l'atmosphère mélancolique, et la valse macabre de Bruno Nicolaï on de quoi séduire. Bien sûr, nous sommes loin du charme gothique des productions Hammer de la décénie précédente, le tournage en décors naturels ne permet pas tant de liberté que le couteux aménagement d'un studio, mais qu'à celà ne tienne, Franco, amoureux du cinéma veut y croire ! L'équipe technique effectue donc un travail remarquable sur le château de Dracula et sur les plans en extérieur (cf la superbe scène ou une carriole traverse une cour intérieur pavée sous une pluie battante, ou encore l'immense salle à manger du château avec ses murs de pierre, et pourquoi pas l'arrivée de Jonathan Harker dans une brume épaise qui enveloppe une meute de loups). Christopher Lee un peu fatigué du rôle qu'il vient de jouer 2 fois de suite dans les très gothique et ironiques "Une messe pour Dracula" de Peter Sasdy et "Les cicatrices de Dracula" de Roy Ward Baker, respectivement 1969 et 1970 réendosse la cape avec un air abattu, qu'il abandonne très vite, grand acteur qu'il est, trop content de voir qu'enfin Dracula bénéficie de répliques qui lui font honneur : la scène ou Dracula raconte l'histoire de ses ancêtres à Harker, devant la cheminée de la salle à manger et probablement la meilleure qui ait été tournée dans toute l'histoire des adaptations de Dracula.


Herbert Lom campe un Van helsing déterminé, et on attend avec impatience la confrontation entre le vampire et sa némésis. Soledad Miranda, fragile Lucy Westerna, devient la parfaite victime du vampire et la scène ou elle quitte sa chambre pour retrouver Dracula dans le parc, avec sa longue robe de chambre flottant dans la brise atteint presque le niveau des mêmes scènes dans les films de Terence Fisher ou de Peter Sasdy. Klaus Kinski, lui nous offre une composition de fonctionnaire syndiqué, son Renfield est totalement muet, le malade mental se contente de tapisser sa chambre capitonnée de nourriture, de manger des mouches et finit par mourir sans véritable explication, pas convaincu le Kinski, et donc, peu convaincant (sa prestation néanmoins passe auprès de certains pour du pur génie...allez savoir pourquoi). Maria Rohm incarne une Mina belle et décidée, qui aurait pu selon moi s'offrir un rôle un peu plus développé...mais rappelons nous ; 1H38 oblige.


Jusque ici, rien ne s'annonce vraiment mal, Franco nous a gratifié d'une belle entrée en matière, maitrisée et on sent une réelle volonté de bien faire, ainsi qu'un certain dédain pour l'académisme. Pourtant, la seconde partie est bien moins convaincante. En effet, pour éviter d'avoir à gérer les déplacements sur mer de ses personnages, Franco a choisi de situer l'action non plus à Londres, mais à Budapest, et de réduire le cadre à l'asile et à la demeurre de Dracula, ce qui a pour effet de décrédibiliser la raison pour laquelle Harker vient d'Angleterre et de faire cohabiter ensemble dans l'asile tous les personnages de l'intrigue excepté Dracula...

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Donc tout n'est pas rose, Franco a eu beau faire un effort non négligeable pour réaliser ce qui reste dans sa filmographie une excellente surprise, l'interprétation des acteurs a beau être correcte, le travail esthétique a beau se sentir, son Dracula n'est pas la perle noire gothique attendue, il ne peut même plus se targuer de fidélité tant les racourcis pris vis à vis de l'intrigue sont abracadabrants. Et en grattant un peu on pourra dire que ses loups ne sont que des bergers allemands, que ses araignées sont en plastique, et que Christopher Lee porte une moustache...lentement, sur la valse macabre de Bruno Nicolaï, les lumières se rallument...mais qu'on se rassure, pour Dracula comme pour Franco, c'est loin d'être la dernière séance !

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

oO Une critique constructive et pondérée?! Mais que fait Olivier Dahan!!

T'as pas le droit de nous imposer une vision réfléchie et objective d'un film! Ça va à l'encontre de toutes les critiques du cinéma actuel!

Vais faire une crise de panique si tu continues à publier de telles insanités!

Gabriel a dit…

Merci très cher "N", pour ce commentaire, je ne sais trop que répondre...Sinon te dire de préférer les critiques péremptoires du Télérama...mais je n'ai rien contre Télérama, ou du moins il faut qu'on continue à le croire... Tu me met là dans une situation embarassante sais-tu -_-.
En tout cas petit padawan je ferai en sorte que tu voie ce film ^^ pour ton enrichissement personnel et pour comprendre le ton affectueux de ma critique...tant pis si tu n'en a pas envie, tu l'as bien cherché ^^.

Anonyme a dit…

Film assez insolite, rehaussé par la musique de Bruno Nicolai !Jess Franco a au moins eu la volonté de retranscrire le mythe de Dracula au plus près de la description originale,on trouve au générique des acteurs geniaux comme klaus Kinsky , Herbert Lom ,Christopher Lee , Soledad Miranda.... L'atmosphère du film est mélancolique,le travail esthétique n'est pas mal ,quelques belles et poetiques séquences mais le look de Dracula est à revoir (big moustache non de dieu ).Un bon travail sur la photo de Luciano Trasatti mais on pourra quand même déplorer la mise en scène ,montage maladroit, cadres hésitants ,trop de zoom,peu rythmé,bref le scénario patine .. Aucune psychologie n'est développée, même pas le lien existant entre Dracula et Mina Harker après que celle ci a été mordue. Bref,handicapé par un budget dérisoire,le film baignant dans une tristesse envoûtante se laisse regarder....

Ps: on y retrouve également la musique de L'au-delà de Fulci ^^ et Franco lui même interprète un serviteur bizarre dans le film !

Christin@