Merlin and the Sword a.k.a Arthur the King
Réalisé par Clive Donner en 1985.
Avec : Edward Woodward, Malcolm McDowell, Candice Bergen,
Rupert Everett, Liam Neeson, Lucy Gutteridge, Rosalyn Landor,
Patrick Ryecart, Ann Thornton, Michael Gough...
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Lors d'une visite guidée de Stonehenge, Katherine (Dyan Cannon) est attiré loin du groupe par des voix désincarnées qui critiquent les propos du guide. En cherchant l'origine de ces voix, elle tombe à travers un portail dimensionnel et se retrouve devant Merlin (Edward Woodward) et Niniane (Lucy Gutteridge) enfermés là depuis des siècles. Subjuguée, elle écoute le récit de la légende arthurienne par ceux qui en ont été les témoins et les acteurs...
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Diffusé à la télévision française il y a bien longtemps, cette version de la légende arthurienne est depuis quasiment tombée dans l'oubli et n'a connu jusqu'ici qu'une distribution en VHS ce qui ne le rend que plus difficile à voir. Comme souvent, la rareté d'un film en accroît considérablement l'attrait et le souvenir de la première vision est magnifié à mesure que la mémoire le révise au cours des années. Comme souvent, les promesses du souvenir sont traîtres et l'occasion inespérée de revoir le film est aussi l'occasion de revoir son jugement quant à sa qualité.
On ne dira pas que L'Epée du Sorcier est un mauvais film, mais il ne coûte rien de reconnaître que Clive Donner n'est pas John Boorman et que l'épée du titre n'a d'Excalibur (1981) que le nom. On est aussi très loin, malgré le casting, du prestige d'un Camelot de Joshua Logan (1967) ou de l'originalité des Brumes d'Avalon d'Uli Edel (2001, d'après la saga éponyme de Marion Zimmer Bradley). Dans son approche, Donner anticipe la mini-série Merlin avec Sam Neil (1999) mais se démarque surtout en empruntant des chemins souvent délaissés par d'autres adaptations.
Le récit de Merlin (Edward Woodward) nous amène à Camelot, alors que le roi Arthur (Malcolm McDowell) est au firmament de son règne. Heureux aux côtés de la belle Guenièvre (Rosalyn Landor), il a réussi à restaurer la paix en son royaume avec l'appui de ses fidèles chevaliers et amis, Lancelot (Rupert Everett) et Gawain (Patrick Ryecart). Mais Morgane, sa demie sœur (Candice Bergen) ne l'entend pas de cette oreille et avec l'aide du bâtard Mordred (Joseph Blatchley), elle fomente un complot visant à mener Arthur à sa perte et à détruire les fondations symboliques de Camelot.
Alors qu'Arthur est parti mener bataille, Guenièvre est enlevée par le Barbare Grak (Liam Neeson) et faite prisonnière dans sa forteresse dont Morgane est devenue maîtresse. Pendant ce temps, Mordred profite de l'absence du roi pour propager la rumeur de sa mort et s'emparer de la couronne. Merlin oblige Arthur à choisir entre perdre son royaume en allant lui-même secourir Guenièvre, ou aller déjouer la ruse de son fils illégitime pendant que ses fidèles chevaliers volent au secours de la reine. Arthur accepte la seconde décision, la plus sensée et charge Lancelot de retrouver et de protéger Guenièvre.
La suite nous la connaissons, Guenièvre s'éprend de son jeune et pur sauveur et l'équilibre de Camelot est corrompu, l'échec de la noble entreprise n'est qu'une question de temps. Mais L'Epée du Sorcier ne rend pas seulement compte de la romance bien connue que le cinéma fantasme depuis longtemps autour de Guenièvre et Lancelot, mais s'attarde de manière inédite sur la relation amoureuse qui lie Merlin et Niniane (autrement dit, Viviane, ou Nimuh, la Dame du Lac) et qui leur vaudra de passer des siècles dans une caverne enchantée, ainsi que sur celle plus méconnue, entre Gawain et Dame Ragnelle (Ann Thornton) transformée en conte moral sur la beauté intérieure. Mais Donner choisi de ne traiter qu'une sous-intrigue à la fois donnant au développement du récit un caractère épisodique qui le rend quelque peu décousu.
Handicapé par un découpage beaucoup trop rigide, le film souffre aussi de ne pas avoir vraiment les moyens de ses ambitions. Si les décors restent honnêtes et la plupart du temps crédibles, certaines volontés d'amener des éléments fantastiques pures sont plombées par des effets spéciaux qui laissent le spectateur incrédule comme ce dragon que Morgane fait apparaître dans la salle de la table ronde. Les costumes sont l'exemple typiques de l'imaginaire médiéval des années 80, comme la musique de Charles Gross qui peine à délivrer une quelconque émotion tant elle n'est qu'un papier peint à motifs vaguement médiavalisants.
Mais malgré tous ces défauts, l'originalité de L'Epée du Sorcier et ses interprètes de choix empêchent un jugement catégorique. Loin d'être un mauvais film, il n'est simplement pas l'entreprise purement cinématographique d'un Bresson (Lancelot Du Lac, 1974) ou d'un Rohmer (Perceval Le Gallois, 1978). Clive Donner, (réalisateur entre autre de What's New Pussycat) parvient, et c'est déjà honorable, à délivrer une version intéressante quoiqu'un peu désuète de la légende arthurienne qui a quand même connu bien d'autres avatars autrement moins glorieux !