30 juin 2009

Marta-Ligeia, une diva dans la soie...


C'est dans un recoin sombre de l'une des dépendances que j'ai fait la connaissance de cette étrange créature. Tapie dans l'ombre, vivant dans une semi torpeur et ne mettant en mouvement ses longues pattes et son lourd abdomen que pour se nourri, cette être sans âge occupe son domaine de soie depuis des années, et je ne m'éttonnerai pas qu'il soit plus âgé que moi.




Lorsqu'elle tourne vers moi ses huits prunelles vindicatives palîes par la cataracte, et qu'elle anime lentement ses membres démesurés dans une imprécation muette, je lui pardonne, certes mon affection pour elle est à sens unique, mais les tourments de sa vie sont cause de sa solitude, solitude que je m'éfforce de ne pas troubler. Mais Marta-Ligeia, se prête aussi au jeu cabotin de la photo, depuis le temps qu'on se connait, elle sait qu'il ne serait pas de bon ton de m'opposer son droit à l'image alors qu'elle est nourrie logée.
Marta-Ligeia est somme toute assez simple, aucun caprice aucune scène, indépendante et discrète, elle se révèle cependant une chasseresse habile à laquelle ni papillons de nuit ni même ses congénères plus petites n'échappent.
Son apparence peu troubler, rebuter même, mais elle cultive un look sombre à dessein, en effet, l'araignée à des gouts littéraires très intéressants, gothiques jusqu'au bout des poils, d'où son pseudonyme évocateur.


Mais déjà la diva est fatiguée et préfère se retirer dans ses appartements, faisant fi des convenances elles nous tourne le dos, je regrette mesdames et messieurs, l'entevue est terminée. Peut-être, la grande Marta-Ligeia (dix centimètres d'envergure tout de même) malgré son grand âge acceptera de nous recevoir de nouveau plus tard.

19 juin 2009

Le Fantôme de Baker Street


Roman de Frabrice Bourland.

Publié en janvier 2008 (ed 10/18, 247 pages)

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Londres, 1932. Depuis que la minicipalité a attribué à la maison du major Hipwood le n°221 à Baker Street, le salon du premier étage semble hanté. S'agit-iol d'un esprit, comme le prétendent certains ? Existe-t-il un lien entre ces manifestations et la série de crimes qui ensaglante Whitechapel et les beaux quartiers du West End ? Motivé par un funeste pressentiment, Lady Conan Doyle, la veuve de l'écrivain, solicite l'aide de deux détectives amateurs, Andrew Singleton et Jams Trelawney. Lors d'une séance de spiritisme organisée à Baker Street, ces derniers découvrent avec effarement l'identité du fantôme. Et quand ils comprenent que les meurtres à la une des journeaux imitent ceux commis par Jack l'éventreur, Mr Hyde, Dracula et Dorian Gray, nos jeunes enquêteurs sont entrainés dans une aventure qu'ils ne sont pas pret d'oublier.
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Fabrice Bourland est une jeune auteur, passionné d'Edgar Poe, Stevenson, Hoffmann, Conan Doyle et de tout le tremblement, qui avec Le Fantôme de Baker Street entâme une série d'enquêtes réjouissantes dans l'angleterre des années 30.
Andrew Singleton et James Trelawney, nos deux héros, ne sont pas sans évoquer Sherlock Holmes et John Watson, et les enquêtes de ces détectives de l'étrange ne manquent pas d'être toujours hautement référencielles et particulièrement ce Fantôme de Baker Street qui regroupe les plus grandes figures "maléfiques" de la littérature victorienne. C'est ce qui fait de ce roman un livre très riche et captivant, réellement étonnant : Fabrice Bourlabd n'a rien laissé au hasard, depuis l'intérêt porté par Conan Doyle au spiritisme jusqu'à de menus détails dans les romans gothiques qui permettront de résoudre l'affaire. Nul doute que nous avons affaire là à un spécialiste.
L'auteur nous entraine donc dans son monde et pour peu qu'on en soit un minimum on se retrouve emporté par le jeu des conclusions, ce qui donne au Fantôme de Baker Street un caractère ludique et au lecteur aguerri une chaleureuse impression de se retrouver chez lui.
Les deux détectives amateurs sont très attachants, et les dialogues, qui ne dépareraient pas dans une nouvelle de Conan Doyle sont pour le moins piquants. Inutile par ailleurs de dévoiler l'identité du fameux fantôme de Baker Street, qui n'en est pas vraiment un d'ailleurs : En effet le roman propose l'hypothèse fort alléchante que les personnages de fictions aient grace à l'imaginaire collectif la possibilité de se matérialiser de façon plus où moins palpable selon le degré de vivacité de son image dans l'esprit des lecteurs, s'il en est un qui plus que tout autres aurait cette capacité, vous devez bien deviner lequel !
On pourra reprocher au roman un final expédié après une lecture bien trop courte, il est vrai que l'enquête se déroule sans temps morts, le tout est fort bien rythmé mais malgré tout trop rapide.
Il en reste un lecture agréable certes pas un style exceptionnel, mais un divertissement de qualité qui donne envie de retrouver Singleton et Trelawney très vite et surtout Fabrice Bourland pour d'autres ouvrages aussi référenciels et bien mené, qu'ils mettent en scène ou non les deux détectives.

12 juin 2009

Antichrist



Réalisé par Lars Von Trier.

Avec Charlotte Gainsbourg et Wilem Dafoe.

Film en compétition au festival de cannes 2009


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Impossible de résumer le film de Lars Von trier sans tomber dans une affligeante banalité, mais le propos premier du film est simple ; le deuil douloureux d'une femme névrosée qui a perdu son fils et qui rongée par la culpabilité sombre dans l'hystérie. L'effort d'un mari pour donner à ce deuil terrible des allures de thérapie, et l'envers du décors d'une nature hostile et dépouillée en lieu et place du bois qui voyait auparavant les jeux d'une mère et de son enfant.
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Antichrist se regarde comme s'écoute une symphonie, de l'ouverture jusqu'au dernier point d'orgue, et pour renforcer cette impression Lars Von Trier a choisi Haendel pour accompagner son prologue et son épilogue. Entre l'ouverture et le dernier point d'orgue, diront certains la musique ne fait office que de remplissage, mais c'est mal connaitre les grands, car jusqu'à maintenant, personne ne quitte la salle après le "pom pom pom pom" de Beethoven. Et Lars Von Trier de prouver qu'il est grand car les moments de bravoure ne sont ni concentrés dans l'ouverture ni dans l'épilogue, mais ils constituent à eux seuls le film dont la force déséquilibrée, l'adresse inégale, la virtuosité bancale et fébrile, font passer le spectateur à travers tous les états de la névrose qui noircit l'écran et tâche ici et là, de bleu, de vert et d'ocre teinté de sang le tableau déchiré du couple qui évolue à l'écran.

La prestation de Charlotte Gainsbourg valait bien le premier prix d'interprétation féminine, et celle de Wilem Dafoe est tout aussi honorable, mais ce serait oublier la place de la nature dans le film (Antichrist, c'est avant tout une ambiance), cette nature qui pourrait bien être l'"antichrist" du titre, dégoutante et putressante, envahie de mort, emplie de cris d'enfants et d'oisillons mourants : l'église de Satan comme l'appellera la femme anonyme, qui abrite en son sein les trois mendiants, qui annoncent la mort. Au détour d'une clairière, Lars Von Trier clame son désenchantement, alors qu'une biche paisible s'enfuit, trainant derrière elle un petit faon mort né qu'elle n'a pas su expulser, mais c'est le renard le premier qui dans un ultime acte de survie dévore ses propres entrailles, nous informe de la nouvelle, "Chaos Reigns !", peut-être nous en doutions nous déjà, mais c'est sûr à présent et ses paroles resteront à l'esprit du spectateur bien après la vision du film.

Inexorablement, Lars Von Trier nous entraine au fin fond de l'angoisse, sueurs, frissons, larmes et tremblement sont au rendez-vous, Antichrist est un film fait par le cinéma pour le cinéma et trouve sa force dans le fait qu'il cherche à ne satisfaire personne. Et si le fou rire au sortir de la salle vous guette, laissez le exploser, vous aurez bien le temps d'y réfléchir ensuite, et d'entendre encore le renard énigmatique vous souffler à l'oreille "Chaos reigns".